L’initiative pour des multinationales responsables a obtenu 120'000 signatures

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L’initiative pour des multinationales responsables a obtenu 120'000 signatures

Laurence Villoz
11 octobre 2016
Portée par 80 organisations de la société civile, l’initiative pour des multinationales responsables a obtenu 120'000 signatures et a été déposée lundi 10 octobre à la Chancellerie fédérale

Photo: De gauche à droite: Dick Marty, coprésident du comité d’initiative, Rahel Ruch, coordinatrice de l’initiative, Pascale Schnyder, modératrice, Samuel Schweizer membre du conseil d’administration d’Ernst Schweizer AG et Jacques Zwahlen, ancien directeur de Veillon.

«Cette initiative est nécessaire, car le gouvernement et le parlement n’ont rien fait jusqu’à maintenant», lâche Dick Marty, coprésident du comité de l’initiative «pour des multinationales responsables». Fin avril 2015, 80 organisations dont Amesty international, Pain pour le prochain et Greenpeace ont lancé une initiative populaire fédérale qui vise à contraindre les entreprises suisses à respecter les droits humains et l’environnement dans l’ensemble de leurs secteurs d’activité et partout sur la planète. Ayant obtenu 120'000 signatures en moins de 18 mois, le texte a été déposé, lundi 10 octobre, à la Chancellerie fédérale.

Actuellement, les entreprises suisses sont régies par un principe d’autorégulation. «Tout le monde sait que ça marche avec les bons élèves, mais que ça ne marche pas avec les mauvais. La régulation que propose l’initiative permettra aussi de protéger ceux qui font leurs devoirs, car ces entreprises-là ne risquent pas de voir leur image gâtée par celles qui ne les respectent pas», ajoute Dick Marty qui a présidé la Commission des droits de l’homme à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe entre 1998 et 2012.

Un avantage concurrentiel

«Les principes de diligence proposés par l’initiative constitueront un avantage concurrentiel pour notre pays», souligne Jacques Zwahlen, ancien directeur de l’entreprise de vente par correspondance Veillon. «Chez Veillon, nous avons fait l’expérience du contrôle de nos sources d’approvisionnement. Les règles à respecter ont été rédigées et mises en œuvre de façons pragmatiques et peu coûteuses. Je ne vois pas pourquoi les multinationales quitteraient la Suisse, à moins d’avoir des pratiques douteuses. Nous avons l’opportunité de renforcer le statut de notre pays en tant que leader dans les normes commerciales».

Cette initiative se base sur les Principes directeurs de l’ONU adoptés en 2011. «Nous demandons des choses qui tombent sous le sens de la justice élémentaire», tonne Dick Marty qui relève que la Suisse est le pays avec la plus forte concentration de multinationales. L’association de l’initiative a récemment réalisé un sondage auprès de la population suisse qui révèle que 89% des participants «veulent que les multinationales suisses soient tenues de respecter les droits humains et l’environnement aussi à l’étranger». Une fois que la Chancellerie aura examiné et validé les paraphes, le peuple pourra se prononcer.