Le débat sur la burka engendre «un climat de défiance» en Allemagne

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Le débat sur la burka engendre «un climat de défiance» en Allemagne

3 octobre 2016
Selon un rapporteur spécial de l’ONU, le débat sur l’interdiction de la burka divise la société et nuit essentiellement aux femmes. Il affirme qu’il n’y a aucun lien entre le fait de porter ce signe religieux et les actes terroristes.

Photo: CC (by-nc-nd) Greg Jordan

Bielefeld (EPD/Protestinter) – Le rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté de religion, Heiner Bielefeldt, rejette l'interdiction de la burka comme une mesure «purement symbolique», un sujet qui fait débat actuellement. «Ce type de revendications politiques engendre «un climat de défiance», divise la société et touche de surcroît surtout les femmes», a déclaré cet expert des droits de l'homme. Il n'y a, selon lui, aucun rapport entre le fait de porter la burka et les actes terroristes.

D'après Heiner Bielefeldt, les religions devraient exiger de la politique un strict respect des droits de l'homme et de la liberté de religion dans le combat contre la violence et le terrorisme. «Les groupes de discussion interreligieux ont eux aussi un mandat politique», a déclaré ce professeur d'université. Le dialogue interreligieux aurait jusqu'à ce jour été «très fortement sous-estimé» en Allemagne. «Tous ceux qui refusent la violence au nom de la religion doivent l'affirmer haut et fort», a déclaré le théologien.

Il s'est dit en désaccord avec l'allégation selon laquelle la violence n'aurait absolument rien à voir avec les religions, qui seraient seulement instrumentalisées. «La violence pour motifs religieux ne se limite absolument pas à l'islam», a poursuivi Heiner Bielefeldt. Il cite comme exemples les ecclésiastiques chrétiens appelant à la «chasse aux homosexuels» dans les pays d'Afrique, les groupes terroristes juifs en Israël, les actions de moines bouddhistes contre des musulmans au Myanmar ou encore le nationalisme hindou en Inde. «Il serait faux de prendre pour principe que la violence fait quasiment partie intégrante «de l'ADN de l'islam» ou de toutes les religions monothéistes», a-t-il souligné.