Après avoir boycotté le concile panorthodoxe, l’Eglise russe entame un rapprochement

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Après avoir boycotté le concile panorthodoxe, l’Eglise russe entame un rapprochement

Tom Heneghan
26 juillet 2016
Les six documents adoptés lors de la rencontre des responsables d’Eglises orthodoxes feront finalement l’objet d’un rapport de la commission théologique de l’Eglise russe. Un signal qui redonne espoir au processus d’unification des Eglises orthodoxes.

Photo: Une église de Tcheliabinsk en Oural CC(by) Rosa Dik

, RNS/Protestinter

L’Eglise orthodoxe russe a reconnu lors de son dernier synode que la rencontre en Crète de plusieurs responsables chrétiens orthodoxes, le mois passé, était un «événement important dans l’histoire du processus conciliaire». Elle-même avait boycotté ce sommet, menaçant ainsi de ralentir les efforts pour promouvoir l’unité des orthodoxes.

Le Synode de l’Eglise russe, dans sa réaction officielle au saint et grand Concile qui s’est tenu entre le 20 et le 26 juin passé, a aussi insisté sur le fait que cette rencontre ne pouvait pas être reconnue comme «panorthodoxe», puisque quatre des quatorze Eglises orthodoxes indépendantes n’y ont pas participé.

Le Patriarcat de Moscou, qui représente à lui seul entre la moitié et les deux tiers des 300 millions d’orthodoxes, a mis en cause le caractère panorthodoxe du sommet depuis l’annonce de son boycott, début juin. Des responsables de l’Eglise russe présents au concile ont expliqué que le patriarche Cyrille de Moscou ne pouvait pas se rendre en Crête, car dans ses rangs, des archiconservateurs s’y étaient opposés.

Mais le Synode du 15 juillet a adopté une approche plus positive en qualifiant cette session «d’événement important» et en demandant à sa commission théologique d’étudier et de produire un rapport sur les six documents que le concile a adopté.

En termes diplomatiques, les Eglises orthodoxes communiquent entre elles en public. Cela signifie que Moscou n’a pas fermé la porte à des projets de rendre ces Eglises plus proches.

Contrairement à l’Eglise catholique romaine qui est dirigée par un seul pape, l’orthodoxie est un réseau d’Eglises souveraines, organisées par entité nationale avec chacune leur propre chef. Une organisation qualifiée du terme officiel d’autocéphale. Le patriarche œcuménique Bartholomée, le chef spirituel des orthodoxes basé à Istanbul, n’a aucune autorité administrative sur les membres. Il se bat pour mettre sur pied la plus grande réunion des dirigeants de l’Eglise orthodoxe jamais organisée depuis plus de 1200 ans.

Les quatre Eglises absentes —Antioche, Bulgarie, Géorgie et Russie, n’ont pas participé en raison de désaccords avec les documents préalables et en raison d’une dispute juridique entre Antioche et Jérusalem.

Bartholomée a insisté pour que le concile ait lieu malgré tout, car il a l’impression que les Eglises orthodoxes qui se sont développées séparément et se sont un peu isolé les unes des autres au cours d’un XXe siècle agité doivent renouer avec leur tradition conciliaire et rechercher une réponse commune aux défis du monde moderne.

«Il faut un concile pour faire face à une évolution exceptionnelle, afin d’établir quelques lignes directrices pour les Eglises orthodoxes», avait déclaré après le concile à RNS le révérend John Chryssavgis, porte-parole du sommet.

Aucune rencontre de suivi n’a été décidée, mais la Roumanie a proposé d’organiser la prochaine rencontre dans sept ans. «Il y a aura sans aucun doute davantage d’opportunités pour de tels conciles», selon John Chryssavgis. «Espérons que cela ne prendra pas si long à organiser et préparer».