La population est insuffisamment préparée à la croissance de la diversité religieuse

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La population est insuffisamment préparée à la croissance de la diversité religieuse

17 mai 2016
Selon un politologue, le traitement de faveur dont jouissent les Eglises majoritaires profite au parti d’extrême droite AfD

Photo: CC(by) Kurt Löwenstein Educational Center

Münster (EPD/Protestinter). Selon le politologue Ulrich Willems, de Münster (Westphalie), le parti populiste AfD profite d’une pénurie de politique religieuse de la part de l’Etat. La population n’est qu’insuffisamment préparée à la croissante diversité religieuse, déclare-t-il dans une publication du cluster d’excellence «Religion et politique» de l’Université de Münster. Ce serait là la conséquence d’une «politique religieuse laissée à l’abandon», ce qui conduirait à de très fortes incertitudes, exploitées par l’AfD (Alternative pour l’Allemagne).

Du fait de leur gestion de l’intégration politico-religieuse des musulmans comme d’une question particulièrement problématique, les partis traditionnels ont une part de responsabilité dans le scepticisme avec lequel bien des gens considèrent l’islam, poursuit Ulrich Willems: «Avec l’AfD, le monde politique n’arrive plus à se débarrasser des fantômes qu’il a invoqués par ses réactions et sa communication hésitantes, louvoyantes et problématiques vis-à-vis des demandes d’égalité face à la liberté de culte et d’intégration dans l’ordre politico-religieux de la République fédérale qu’ont exprimées les musulmans.»

En outre, estime Ulrich Willems, la chrétienté et les deux grandes Eglises chrétiennes reçoivent en Allemagne un traitement de faveur de la part de l’Etat. «La politique religieuse allemande montre un penchant en faveur de la religion, des chrétiens et des Eglises majoritaires, ce qui pénalise les personnes sans confession et les minorités religieuses telles que l’islam», a déclaré le politologue lors d’une conférence, la semaine passée à Münster. A titre d’exemples de cette «asymétrie», il cite aussi bien les importantes difficultés d’accès au statut de collectivité publique qu’un nombre incalculable de dispositifs légaux qui donneraient aux Eglises la primauté dans des secteurs tels que le social et l’éducation.

Il explique: «La politique de l’Etat fédéral et des Länder ne réagit que de manière lente et hésitante à la croissante diversité religieuse, malgré le fait qu’une part essentielle des actuels problèmes politico-religieux sont issus de la proximité historiquement établie entre l’Etat et les Eglises catholique et protestante.» Dans la législation sur le port du voile, par exemple, cette proximité a «envenimé les problèmes au lieu de les résoudre». La situation serait très critique dans des domaines divers, comme l’ont montré les conflits touchant à la circoncision, aux crucifix, à l’abatage rituel, aux cours de religion islamique ou à la construction de mosquées. Et pourtant, on ne peut pour le moment pas parler d’une politique religieuse systématique et généralisée pour assurer aux musulmans l’égalité face à la liberté de culte.