L’or du Burkina Faso ne doit pas éblouir la responsabilité des entreprises

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

L’or du Burkina Faso ne doit pas éblouir la responsabilité des entreprises

Emmanuelle Jacquat
16 février 2016
Une enquête, menée par Pain pour le Prochain et Action de Carême, accuse une société suisse de faire du profit au détriment des droits humains
Cette étude s’inscrit dans la nouvelle campagne œcuménique, dont le mot d’ordre est «Prendre ses responsabilités – renforcer la justice».

Photo: © Meinrad Schade/Action de Carême

«La Suisse est la plaque tournante mondiale du commerce de l’or: 70% de la production totale y est raffinée», explique Dorothea Winkler, responsable du dossier «Entreprises et droits humains» d’Action de Carême, lors d’une conférence de presse, lundi 15 février à Berne. L’engagement de la campagne œcuménique menée par les associations chrétiennes Pain pour le prochain, Action de Carême en collaboration avec Etre partenaires, dure toute la période de Carême, du 10 février au 27 mars, et se fait sur deux front: au Sud, une étude montre la situation dramatique au Burkina Faso avec l’exploitation de l’or, et au Nord, l’engagement se concentre sur la récolte des signatures pour l’initiative «Pour des multinationales responsables».

L’étude a pointé du doigt la raffinerie Metalor Technologies SA, un groupe international basé à Neuchâtel. Cette étude affirme que «Metalor a une grande part de responsabilité dans les violations des droits humains et les atteintes à l’environnement, responsabilité qu’elle partage avec les entreprises minières et l’Etat burkinabè». Les paysans perdent les terres cultivables ou sont délocalisés, puisque les sites miniers se trouvent sur ces terrains. L’eau potable, polluée par les activités des mines, est devenue une problématique majeure, selon les deux ONG. Certaines raffineries auraient aussi touché aux lieux de culte, lieux sacrés pour la population.

Devenir responsable

«Avant nous vivions, maintenant nous survivons», déplore Florence Sawadago, villageoise de 25 ans, citée dans l’enquête. Pour les deux ONG, la Suisse doit prendre ses responsabilités. Ainsi en avril 2015, plusieurs organisations ont décidé de lancer une initiative «Pour des multinationales responsables». Il n’y a pas de communication actuellement sur l’avancée de la récolte de signature. Le délai pour déposer l’initiative est le 21 octobre 2016. Pain pour le Prochain et Action de Carême vont récolter des signatures pendant toute la période du carême.

Peu avant la publication de l’étude, Metalor a réagi sur son site internet. Il écrit que cette recherche montre «une image erronée et associe automatiquement les mines aux violations des droits humains». Il reproche également aux deux ONG «leur manque dans transparence dans leur enquête».

La campagne œcuménique est organisée depuis 1969 par Pain pour le Prochain et Action de Carême. Et en 1994, Etre partenaire s’est joint au projet. Le but de la campagne œcuménique est de sensibiliser le public suisse aux réalités qui existent dans le monde. En 2016, cette campagne met donc l’accent sur les responsabilités des entreprises suisses dans leurs activités commerciales à l’étranger.

Plusieurs événements vont jalonner la campagne:

  • Le «Pain du partage»: des boulangeries et des confiseries vendront du pain signalé par un petit drapeau.

  • La «Tisane du partage»: des sachets de tisane bio de l’Oberland bernois sont vendus sur internet.

  • La «soupe de carême»: certaines paroisses organisent une soupe de Carême.

  • La journée des roses se déroulera le samedi 5 mars.