Une statue de Bouddha sur une tombe provoque une discorde

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Une statue de Bouddha sur une tombe provoque une discorde

Wolfgang Lammel
2 février 2016
Un pasteur bavarois est victime d’un véritable déferlement de haine sur internet, car le comité du cimetière de sa paroisse demande le retrait d’une décoration de tombe représentant Bouddha.

Photo: CC(by) Rowan Gillette-Fussell

, Helmbrechts, EPD/Protestinter

«Jésus aurait honte en vous voyant, M. le pasteur». Cette décision est une «véritable blague», vous êtes une «fin de race», «un homme intolérant». Thomas Berthold, pasteur de la communauté bavaroise de Helmbrecht, lit ce genre de commentaires sur internet depuis des jours. Dans les discussions en ligne ainsi que sur Facebook, le théologien est au centre de la polémique, car il demande le retrait d’une statuette de bouddha du cimetière de la paroisse.

D’ordinaire, la commune de 9300 habitants située dans le Land de Hof respire la joie de vivre. En raison de sa longue tradition de production de textiles, Helmbrecht porte le surnom de «penderie du monde». La ville est également le siège du musée de textile du district de Haute-Franconie au sein duquel les visiteurs peuvent participer à la création de la «plus grande écharpe du monde». Mais le débat actuel autour de la statuette haute de 25 cm donne à première vue l’impression d’une communauté plutôt bornée.

Depuis l’été dernier, la statuette trônait sur une tombe familiale, devant une pierre tombale en forme de croix qui fait le double de la taille du bouddha. Ce que les contemporains profanes décrivent comme une décoration méditative et exotique n’est pas perçu comme un signe religieux par Bernd Fickenscher, qui n’est plus paroissien selon ses dires. Il a déclaré, lors de plusieurs interviews, voir la statuette comme un symbole de la paix et de la tranquillité sur la tombe de ses parents.

Mais le comité responsable du cimetière de la paroisse luthérienne ne l’entend pas de cette oreille. Cette autorité affirme que le petit bouddha constitue une violation des règles du cimetière. Dans l’article 25, il est dit qu’«il est en particulier interdit d’apposer aux tombes ce qui est en conflit avec la croyance chrétienne.»

Cette formulation n’est pas une particularité de Helmbrecht. Elle se retrouve telle quelle ou dans une version légèrement différente dans la plupart des cimetières du pays. Ce catalogue de prescriptions fait partie du contrat qui doit être conclu avec le responsable du cimetière. Font partie de la culture chrétienne: les règles de bienséance et les traditions régionales, par exemple, les croix en fer réalisées par des forgerons.

Le pasteur Thomas Berthold reconnaît que de nombreuses babioles existent sur de nombreuses tombes de nos jours. Il considère que des produits réalisés en masse comme des statuettes d’anges vendues bon marché ne sont pas souhaitables. En ce qui concerne les tombes d’enfants cependant, sur lesquelles il voit souvent des peluches ou des jouets colorés, il respecte le choix des proches en ce qui concerne l’expression de leur tristesse. Par contre, la statuette de bouddha sur une tombe familiale est un symbole d’une religion qui annonce la réincarnation; ce qui est en opposition à la croyance chrétienne de la résurrection. Elle viole donc les principes de la bienséance des cimetières. Le comité représentatif de l’Eglise précise qu’après de longues discussions, le règlement a été mis à jour en 2011. L’ancienne règle était «bien plus rigoureuse», selon Thomas Berthold.

Au mois d’octobre, un courrier resté sans réponse avertissait Bernd Fickenscher, qu’il devait faire disparaitre la statuette. Les médias régionaux et nationaux se sont emparés de l’affaire en décembre. Depuis, Thomas Berthold est devenu la cible d’une campagne sur internet.

«Il s’agit d’une véritable avalanche de haine», a affirmé le théologien qui refuse de se laisser toucher par ces attaques extrêmes. Il est cependant ému lorsqu’on le qualifie d’intolérant. «Les règles en vigueur pour les cimetières chrétiens sont connues et doivent de ce fait être respectées». Selon ses observations, les critiques ne proviennent pas de sa région.

Il y a quelques jours, Thomas Berthold et Bernd Fickenscher se sont rencontrés pour mener une discussion à huis clos durant laquelle ils ont pu échanger leurs arguments. Les prochaines étapes auront lieu au printemps. «Il y a une sorte de trêve hivernale», a déclaré le pasteur.