Un athée américain tente à nouveau de faire retirer la référence à Dieu sur le dollar

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Un athée américain tente à nouveau de faire retirer la référence à Dieu sur le dollar

Kimberly Winston
29 janvier 2016
Un athée californien, déjà connu pour s’être attaqué par le passé au Serment d’allégeance américain, dans lequel il est fait référence à Dieu, s’est à nouveau lancé dans un combat juridique en s’opposant devant la Cour Suprême à l’expression «In God We Trust» (nous avons confiance en Dieu) sur la monnaie des Etats-Unis.

Photo: CC(by-nc-nd) Wilson Cheong

, RNS/Protestinter

Michael Newdow, 62 ans, médecin-urgentiste de Sacramento, a entamé, début janvier devant une Court de l’Ohio, une procédure fédérale dans l’espoir de faire biffer toute référence à Dieu sur le papier-monnaie et les pièces américaines. Il prétend que la devise qui figure sur les dollars est une violation de sa liberté religieuse.

En faisant apparaître la devise «In God We Trust» (nous avons confiance en Dieu) sur la monnaie américaine, le gouvernement des Etats-Unis a «substantiellement chargé» les athées et autres non croyants «de porter personnellement un message religieux qui est l’antithèse, de ce qu’ils croient être la vérité religieuse.» La plainte est signée de 41 noms, dont ceux de groupes athées et de membre de la famille de militants athées, enfants inclus.

Michael Newdow, qui est également avocat, a déjà tenté en vain de faire retirer cette phrase. Mais lors des précédentes tentatives, son argumentation s’appuyait sur la protection contre l’établissement d’une religion d’Etat prévue par le Premier Amendement. Mais cette fois, Michael Newdow appuie sa défense sur le Religious Freedom Restauration Act – RFRA (Loi sur la reconquête de la liberté religieuse), un texte de 1993 ayant pour but de protéger le libre exercice des religions.

Cette nouvelle procédure légale est importante, car elle adopte le même argument que l’entreprise familiale Hobby Lobby qui a gagné en justice en 2014 contre l’«Obamacare», la nouvelle loi sur l’assurance santé obligatoire. Les propriétaires chrétiens de Hobby Lobby ont invoqué le RFRA pour argumenter que le gouvernement ne pouvait pas leur imposer de financer certains services de santé pour leurs employés, tels que les moyens de contraception, car cela allait à l’encontre de leur foi chrétienne. Par 5 juges contre 4, la Cour Suprême a tranché en faveur de Hobby Lobby.

La Cour fera-t-elle de même pour Michael Newdow? Garrett Epps, professeur de droit à l’Université de Baltimore, qui tient une chronique de droit constitutionnel dans le magazine The Atlantic, en doute. Il se déclare surpris par l’argument selon lequel «In God We Trust» serait une atteinte à la liberté religieuse. «Il m’est difficile de comprendre comment avoir une pièce dans la poche représente une offense à votre pratique religieuse», explique-t-il. «A moins que Michael Newdow parvienne à m’expliquer cela, je le vois mal aller loin avec cet argument.»

Dans son dépôt de plainte, Michael Newdow, argumente sur six pages que le «nous avons confiance en Dieu» est une charge pour les athées et les non-croyants, car cette phrase est basée la Bible, un livre que les plaignants ne croient pas. Cela représente une déclaration de foi qui est l’antithèse de l’idéal religieux du plaignant.

Michael Newdow avait attaqué le «In God We Trust» une première fois il y a environ dix ans. Un juge fédéral avait rejeté sa plainte, argumentant qu’il s’agissait plus d’une devise traditionnelle que d’une affirmation religieuse. L’urgentiste a aussi tenté en vain l’usage de «So help me God» (que Dieu me vienne en aide) dans le serment que prononce le président lors de son assermentation. Un juge avait repoussé la demande de suppression sur les mêmes raisons: il s’agit davantage de tradition que de religion.

En 2004, Michael Newdow argumentait devant la Cour Suprême pour la suppression de la mention «sous l’autorité de Dieu», dans le Serment d’allégeance. Ce texte étant régulièrement récité dans les écoles, il argumentait que le fait que sa fille ait à le prononcer régulièrement violait sa liberté religieuse d’athée. Contrairement à ses habitudes, Michael Newdow avait argumenté ce cas par oral. Les chroniqueurs judiciaires avaient alors été élogieux quant à sa performance. Mais les juges n’ont pas traité cette plainte sur le fond. Comme Michael Newdow n’avait pas la garde de sa fille, il ne pouvait pas entamer une action en leur nom.

«Nous avons confiance en Dieu» fit son apparition sur les pièces américaine en 1864, en pleine guerre civile. Salmon Chase, le secrétaire au Trésor du président Lincoln, a agi après avoir reçu une lettre d’une congrégation de Pennsylvanie qui réclamait une forme de reconnaissance de Dieu dans une devise du pays. Le Congrès a voté pour faire figurer cette expression sur toutes les coupures et pièces en 1955, en pleine Guerre froide contre les communistes sans foi. Cette à la même époque que «sous l’autorité de Dieu», fit sont apparition dans le Serment d’allégeance. Diverses personnes et groupes ont contesté ces deux mentions durant des décennies, mais personne aussi récemment que Michael Newdow. «Je n’ai pas le moindre doute sur le fait que j’ai raison», avait-il déclaré en 2010 à RNS. «Je vais continuer à me battre, et je l’espère gagner pour faire que le gouvernement fasse ce qu’il est censé faire: protéger de manière égale tous les points de vue religieux.»