Le clergé kenyan devra être diplômé en théologie

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Le clergé kenyan devra être diplômé en théologie

Fredrick Nzwili
28 janvier 2016
Le gouvernement du Kenya a récemment édité un ensemble de lois stipulant que les responsables religieux doivent avoir effectué des études en théologie
Pour les différentes communautés, ce nouveau règlement nuit à l’évangélisation.

Photo: L’évêque Philip Anyolo © RNS/Fredrick Nzwili

(RNS/Protestinter)

Nairobi, Kenya – Le projet du gouvernement de réglementer les groupes religieux provoque un amer combat avec les responsables chrétiens et musulmans qui l’accusent de piétiner sur leurs libertés religieuses. Le gouvernement a publié un ensemble de lois, en janvier, qui demandent aux responsables religieux de bénéficier d’un diplôme de théologie et aux communautés de soumettre une déclaration de foi.

Ces lois tombent alors que certains pasteurs escroquaient des fidèles et que certaines mosquées devenaient des centres de radicalisation. Les évêques de l’Eglise catholiques ont exprimé leur choc face à ces règles, soutenant que si elles étaient appliquées, elles entraveraient le travail d’évangélisation.

«Des tentatives similaires visant à réglementer les procédures pour les mariages chrétiens ont conduit à une baisse importante du nombre de jeunes qui viennent à l’église pour bénéficier de ce genre de bénédiction», a expliqué l’évêque Philip Anyolo, le président de la Conférence kenyane des évêques catholiques, lors d’une conférence mi-janvier.

Une forme de persécution

De plus, les responsables des Eglises évangéliques et pentecôtistes ont protesté, à travers tout le pays, contre ces nouvelles règles. Lors d’une rencontre à Nairobi qui a rassemblé plus de mille pasteurs, l’évêque Mark Kariuki, le président de l’Alliance évangélique du Kenya, a comparé ces lois à une forme de persécution.

«Exiger des pasteurs d’obtenir un diplôme en théologie présuppose que tous les ministères de l’Eglise demandent un apprentissage», a-t-il souligné. «Il y en a certains qui sont appelés et qui pourtant ne peuvent pas bénéficier d’une formation». Il s’est également plaint du fait qu’aucune Eglise n’avait été officiellement reconnue en 2015 et qu’en 2014 ce genre de reconnaissance avait été refusée à plus de 7000 d’entre elles. «Ce qui montre la discrimination et la persécution de l’Eglise», a ajouté Mark Kariuki. «Ca suffit». Il a ajouté que les Eglises n’étaient pas opposées à une réglementation raisonnable après une consultation appropriée.

Combattre les fraudes

Le gouvernement, qui considère le comportement des Eglises comme de la fraude, cherche également à arrêter une nouvelle mode qui consiste en l’envoi d’offrandes ou d’argent aux pasteurs par téléphones portables. Le gouvernement essaie aussi de contrôler les prédications à la télévision grâce à de nouvelles règles de diffusion.

«L’Eglise doit transmettre l’évangile. C’est offensant de nous dire que nous ne pouvons plus inviter des personnes à s’engager pour le Christ, via la télévision», a rétorqué Mark Kariuki. De son côté, le révérend Peter Karanja, secrétaire général du Conseil national des Eglises du Kenya, un groupe protestant, a mis en garde le gouvernement contre le fait de provoquer les Eglises. «Les chrétiens sont des électeurs et ce serait tragique de provoquer les Eglises en leur demandant si elles ont bien fait d’élire un tel gouvernement», a expliqué Peter Karanja à la presse. Quant à Adan Wachu, le président de la Commission suprême des musulmans du Kenya, il a souligné que ces nouveaux règlements violaient la liberté de culte.