Après sa mort, un musulman kenyan qui avait protégé des chrétiens est salué comme un héros

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Après sa mort, un musulman kenyan qui avait protégé des chrétiens est salué comme un héros

Fredrick Nzwili
25 janvier 2016
Un homme musulman qui s’était interposé pour protéger des chrétiens lors de l’attaque d’un bus de ligne —probablement par des militants du groupe terroriste islamiste al-Shabab — est salué comme un symbole d’unité

Photo: des chrétiens réunis sur le parvis de la cathédrale de Tous les Saints à Nairobi. ©RNS/Reuters/Noor Khamis

, Nairobi, RNS/Protestinter

Salah Farah est décédé lundi passé (18 janvier) à Nairobi. Cet enseignant avait été héliporté dans la capitale kenyane après avoir été blessé par balles dans le bras et à la hanche alors qu’il s’était opposé à un groupe de terroristes, en décembre. Ils exigeaient que leur soient remis les chrétiens.

Conformément à la tradition musulmane, il a été enterré mardi à Mandera au nord-ouest du pays. Le gouvernement du Kenya a qualifié l’enseignant de véritable héros. Il avait dit aux terroristes soit de tuer les 62 passagers du bus, soit de partir. Cela avait provoqué la panique des assaillants qui avaient fini par prendre la fuite, non sans avoir tiré sur le résistant.

Le groupe al-Shabab est connu pour trier les chrétiens et les musulmans, lors de ses embuscades pour ensuite tuer les chrétiens. «Il a donné sa vie comme rançon pour les chrétiens qui sinon auraient été tués», a déclaré le révérend Wellington Mutiso, l’un des responsables de la Convention baptiste du Kenya. «Les chrétiens seront éternellement reconnaissants de ce beau geste.»

Wellington Mutiso a aussi souligné que ce geste prouvait que tous les musulmans ne soutenaient pas les actions du groupe terroriste basé en Somalie. Les actions du groupe al-Shabab dans les zones frontière du Kenya se sont intensifiées depuis 2011, quand les troupes kenyanes se sont engagées en Somalie pour combattre l’extrémisme islamiste.

«C’est une déclaration claire que les actes de terreur dans le nord du Kenya ne sont pas soutenus par la religion et que les religions ne se laisseront pas utiliser contre l’unité du peuple», a déclaré le prêtre catholique romain John Musyoka qui travaille à Mandera. Il a ajouté que l’acte de Salah Farah changerait la façon dont les fidèles des deux religions se perçoivent mutuellement.

Président du Conseil consultatif national des musulmans du Kenya, basé à Mombasa, le cheikh Juma Ngao a déclaré que Salah Farah avait agi selon les enseignements du Coran. Il a précisé que le Coran enseigne que sauver une âme est comme sauver toute l’humanité.

En décembre, interviewé à l’hôpital, Salah Farah avait déclaré à des journalistes: «je ne sais pas d’où cela m’est venu, mais j’ai su combien ces personnes étaient mauvaises et que l’on devait s’interposer.»