Justin Welby: «La réconciliation n’implique pas toujours d’être d’accord»

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Justin Welby: «La réconciliation n’implique pas toujours d’être d’accord»

Trevor Grundy
14 janvier 2016
Alors que la Communion anglicane rencontre, depuis des années, de fortes tensions internes au sujet de l’inclusion des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, les responsables des différentes fractions sont réunis, depuis lundi 11 janvier, à Canterbury, pour essayer de trouver un accord

Photo: © RNS/Anglican Communion news service

, Canterbury (UK), RNS/Protestinter

Les primats des différentes fractions de l’Eglise anglicane sont réunis, depuis lundi 11 janvier à Canterbury, pour une rencontre de six jours afin de discuter de l’avenir de leur communion. Cette réunion a été organisée par l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, afin de discuter des désaccords sur l’inclusion des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) ainsi que sur l’ordination des femmes comme évêques — des mésententes qui ont mené la communion mondiale au bord du schisme.

Eviter la scission pourrait être impossible. Justin Welby a déclaré que la communion forte de 85 millions de fidèles resterait une «famille» même si certaines Eglises nationales prenaient des chemins différents. Dans une interview à la BBC (British Broadcasting Corporation), l’archevêque a souligné qu’il souhaitait une réconciliation tout en ajoutant que «la réconciliation ne signifiait pas forcément le fait d’être d’accord. Cela signifie plutôt trouver une façon acceptable d’être en désaccord».

Présenter des excuses aux LGBT

Le dimanche précédant la rencontre, 105 responsables de l’Eglise anglicane ont envoyé une lettre à Justin Welby ainsi qu’à l’archevêque de York John Sentamu affirmant que l’Eglise d’Angleterre n’avait pas réussi à prendre soin des LGBT. Ils demandaient dans cette lettre que l’Eglise «présente ses excuses pour avoir perpétué des croyances infondées».

Parallèlement, l’archevêque d’Ouganda, Stanley Ntagali, a déclaré à la presse qu’il ne participerait pas à la rencontre tant que «l’ordre divin» ne serait pas rétabli. Stanley Ntagali fait partie de la Global Anglican Future Conference (GAFCON) qui réunit essentiellement les anglicans conservateurs. Un groupe qui ne coopère plus avec l’Eglise épiscopale des Etats-Unis et l’Eglise anglicane du Canada, car ces dernières sont favorables aux mariages pour les personnes de même sexe ainsi qu’à l’ordination des gays et des lesbiennes.

La plupart des prélats conservateurs de GAFCON ont toutefois assuré qu’ils se rendraient à Canterbury, car ils avaient reçu une invitation personnelle de Justin Welby. Mais il se pourrait qu’ils n’assistent qu’aux réunions préliminaires.

Retrait des Eglises africaines

Si un accord n’est pas trouvé, il est possible que plusieurs grandes Eglises africaines en République démocratique du Congo, au Kenya, au Nigéria, en Ouganda et au Sud-Soudan puissent s’en aller. L’archevêque Fred Hiltz, à la tête de l’Eglise du Canada, considère cette position comme une menace. Le primat de l’Eglise anglicane d’Amérique du Nord, Foley Beach, sera également présent à Canterbury pour soutenir les anglicans que s’opposent à l’inclusion de LGBT.

Justin Welby souhaite persuader la communion mondiale de rester loyale envers l’Eglise mère de Canterbury, et pas nécessairement les unes avec les autres. Il va proposer une fédération plus libre afin de garder unies les Eglises adverses. «Un schisme ne serait pas une catastrophe», a déclaré Justin Welby. «Dieu est au-dessus de nos échecs. Ce serait vraiment regrettable que l’Eglise soit incapable de montrer l’exemple au monde que nous pouvons nous aimer les uns les autres tout en étant en désaccord, car l’amour du Christ nous réunit. Ce n’est pas un club ni un parti politique. C’est une union réalisée par Dieu».