Eglise et politique ont toutes deux un rôle à jouer en matière d’asile

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Eglise et politique ont toutes deux un rôle à jouer en matière d’asile

28 décembre 2015
Le président de l’Eglise protestante d’Allemagne est opposé à une séparation des tâches entre Eglise et Etat en matière d’asile. La politique ne peut se passer d’humanité et l’Eglise ne doit pas évoluer en dehors de la réalité.

Photo: CC (by-nc-nd) SedDech

Francfort-sur-le-Main (EPD/Protestinter). Heinrich Bedford-Strohm, le président du conseil de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD), s’oppose à une répartition du travail entre Eglise et politique en ce qui concerne la gestion des migrants. Selon lui, on ne peut pas charger les Eglises des postulats de l’humanité et la politique des actions concrètes, a-t-il écrit, mi-décembre, dans un article pour la «Frankfurter Allgemeine Zeitung». Les deux devraient être reliés.

«Quand la politique met l’humanité de côté, elle passe à côté de sa mission. L’inverse vaut également: lorsque l’Eglise ne tient pas compte des dilemmes dans lesquels évolue la politique, alors elle évolue en dehors de la réalité», écrit Heinrich Bedford-Strohm.

Le président du conseil fait référence à l’interprétation de la doctrine des deux règnes de Martin Luther par l’ancien juge constitutionnel Udo Di Fabio. Les croyants ne seraient pas des acteurs politiques, «mais ils troublent le processus», avait déclaré Udo Di Fabio mi-novembre avant le synode de l’EKD à Brême.

Bien que Luther ne l’ait pas voulu, il aurait apporté avec sa doctrine centrale des deux règnes une contribution au développement du droit mondial, déclara Udo Di Fabio. «Comment et à quel moment les Eglises prennent position sont des éléments à soupeser avec soin», écrit Heinrich Bedford-Strohm.

Une intégration réussie

L’évêque bavarois compte la langue allemande parmi les bases d’une intégration réussie, ainsi que les normes et les valeurs de la loi fondamentale. A ceci s’ajoutent la tolérance, la liberté de culte, l’égalité des droits entre hommes et femmes, «de même qu’un net rejet des positions misanthropiques, du racisme et de l’antisémitisme». Cela devrait faire partie du dialogue interreligieux, souligne-t-il en recommandant de ne pas taire les sujets de discorde. Heinrich Bedford-Strohm est persuadé que le dialogue interreligieux manquerait son objectif si, «par peur du conflit, les convictions et pratiques contraires aux droits de l’Homme n’étaient pas critiquées».

Un isolement vis-à-vis des migrants ne serait pas compatible avec l’éthique chrétienne, écrit le président du conseil de l’EKD. Heinrich Bedford-Strohm n’a pas non plus complètement exclu une limitation du nombre de migrants en Allemagne. De telles limitations pourraient être considérées en fonction des conséquences pour les migrants qui seraient éconduits. Une «vie décente ailleurs» doit leur être assurée.

Il serait aussi d’autant plus important que l’Allemagne préserve sa «pleine capacité de fonctionnement» dans son système juridique et dans son cadre institutionnel. Ceci inclut également d’enregistrer les migrants de façon organisée, par un procédé unifié, et de les traiter de façon similaire aux demandes d’asile. Si cela n’était pas possible, on pourrait alors «attendre de la politique qu’elle examine des alternatives pour la clarification et la sécurisation du statut légal des migrants par d’autres moyens».