Le boom des mégas Eglises se confirme, mais leurs fidèles sont plus volages

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Le boom des mégas Eglises se confirme, mais leurs fidèles sont plus volages

Cathy Lynn Grossman
4 décembre 2015
Un vent de changement souffle sur les megachurch américaines, ces églises mastodontes qui parsèment le paysage religieux. Leur croissance se confirme, mais l’arrivée de croyants plus jeunes les confronte à la difficulté de conserver des adeptes se comportant comme des consommateurs.

Photo: CC(by-nc) Mor

, RNS/Protestinter

Il n’y a jamais eu autant de participants à des célébrations de mégas Eglises. «Le week-end passé, aux Etats-Unis, une personne sur 10 qui ont participé à un culte protestant, s’est rendue dans une megachurch. Soit environ 5 millions de personnes» déclare Warren Bird, directeur de recherche pour Leadership Network, un centre de formation et de recherche pour les dirigeants d’Eglises. Il est coauteur d’une étude sur les megachurch publiée mercredi 2 décembre.

Mais la participation diminue. Les membres de ces Eglises s’y rendent une ou deux fois par mois, voire moins. «Ils pensent qu’une “participation régulière” signifie “j’y vais quand je peux”», expliquent l’autre coauteur, le sociologue Scott Thumma, directeur de l’institut de recherche en religion Hatford. Ils ont comparé le public des megachurch (définie comme Eglise accueillant plus de 2000 personnes chaque week-end) avec celui des plus petites congrégations.

«Nous avons montré que la plupart de ces grandes communautés continuent de faire face aux mêmes défis que les plus petites congrégations. Elles ne sont pas immunisées contre les dynamiques culturelles de la société», explique Scott Thumma. «Toutes les Eglises essaient d’attirer de nouveaux membres, de les conserver et d’en faire des disciples. Mais aujourd’hui, les gens sont demandeurs et consommateurs d’expériences temporaires de louanges, pas d’engagement à long terme.»

De nombreuses megachurch ont été lancées il y a un quart de siècle par des personnes de la génération du baby-boom. Elles font face maintenant à l’arrivée des nouvelles générations. La participation des jeunes de la génération Y (18-34 ans) est stable à environ 19% depuis 2010. Mais la génération X (35-39 ans) se dirige vers la sortie: ils étaient 28% à participer régulièrement au culte en 2010, ils ne sont plus que 23%

Cette génération de fidèles volages et changeants à induit d’autres changements. Il se construit toujours des mégas Eglises. D’ailleurs, l’étude financée par le groupe Beck qui implante des megachurches, montre que celles qui ont réé créées depuis 1990 croissent deux fois plus vite que celle qui ont été fondées avant. Mais les chercheurs montrent aussi que ces églises ont été conçues très différemment. Ces congrégations «deviennent plus grandes en devant plus petites», explique Warren Bird. Elles construisent des temples principaux plus petits (le nombre médian de sièges est passé de 1500 à 1200), mais elles proposent davantage d’offices dans davantage de lieux.

Warren Bird relate l’anecdote que lui a raconté le pasteur Larry Osborne, qui a fondé l’Eglise North Coast à Vista (Californie). «Une femme lui a dit “j’aime votre Eglise parce qu’elle est bien plus intime et personnelle”». Elle ne se rendait pas compte que cette Eglise accueille 10’000 personnes dans une douzaine de services – tous avec le même sermon, mais avec des styles musicaux différents pour la louange et sur quatre sites, dont la Place de la Louange, à Vista, un bâtiment de 160’000 mètres carrés ou le cinéma de quartier, à quelques kilomètres de là, qui diffuse les offices en direct.

Il y a 5 ans, 46% des megachurch étaient multisites. Aujourd’hui, c’est 62%. Et le nombre de sites est passé de 2,5 en moyenne à 3,5. L’étude montre également que les mégas Eglises les plus anciennes, comme la North Coast, touchent des tranches d’âges plus diversifiées et bénéficient d’un taux de participation des membres aux activités plus élevés et touchent en moyenne 500$ de plus par membre que dans les Eglises fondées depuis 1990.

L’enquête qui a été menée par sondage auprès d’informateurs clés (pasteurs principaux ou directeurs) a aussi montré un changement dans comment ces Eglises décrivent leur identité religieuse. Chaque année depuis que Scott Thumma et Warren Bird ont commencé à étudier les megas Eglises en 2000, la proportion de celle qui se décrivait comme «évangéliques» a augmenté. Aujourd’hui, on arrive à 71%, souligne Warren Bird.

Environ 40% des mégas Eglises ne sont pas rattachée à une dénomination. Et pour celles qui ont un lien avec un mouvement, «ce n’est pas vraiment un argument. Dieu et Rick Warren qui en est le fondateur savent que l’Eglise Saddleback est une Eglise baptiste du Sud. Mais la plupart de ceux qui y prient ne le savent pas», explique Warren Bird. La plupart des pasteurs considèrent que l’appartenance à une dénomination n’est pas très importante pour leur congrégation.

Mais ce qui est de plus en plus important c’est l’engagement des Eglises en faveur des personnes extérieures à la congrégation. Scott Thumma explique que «pendant très longtemps dans les activités des mégas Eglises, l’accent était mis sur la communauté: prendre soin de ses membres. Maintenant, il y a un important déplacement vers les activités de rayonnement»: 43% des ministres ont dit que l’évangélisation est centrale pour leur congrégation et 44% ont déclaré accorder de l’importance à être au service de la communauté et à venir en aide à ceux qui en ont besoin.

Pour Warren Bird, les fidèles veulent «trouver une Eglise qui sait où elle va et ce qu’elle fait. Ils aiment les Eglises qui ont une vision claire.»