Un prix qui n’a pas de prix
Pasteure à Cortaillod, Diane Friedli se réjouit sur son blog d’être corécipiendaire du Prix jeunesse 2015.
Fin octobre, j’ai été primée! En effet, à ma grande surprise, je me suis vue décerner le Prix jeunesse 2015, ou plus exactement une partie de ce prix puisque j’en suis une des lauréates.
Le Conseil Suisse des Activités de Jeunesse, le CSAJ, remet chaque année un prix à une personnalité – en général politique – qui œuvre pour les jeunes (voir celui décerné en 2014 à Didier Burkhalter). Cette année, le CSAJ a décidé de remettre ce prix non pas à une personne, mais de confier à tous les jeunes membres du Parlement des jeunes la responsabilité de le remettre à une personne de leur entourage qui contribue au travail de jeunesse.
Ainsi, Manon – jeune monitrice de catéchisme dans la paroisse du Joran et membre du Parlement des jeunes – m’a fait la surprise de me le décerner dimanche à l’occasion de notre camp de catéchisme.
J’ai été particulièrement touchée qu’elle ait pensé à moi, mais surtout j’ai été touchée par ses paroles au moment de me le remettre. L’objet en soi n’est pas extraordinaire: une bouteille en plastique avec une feuille de papier collée autour. Pourtant, chacun a senti, je crois, la valeur de ce moment et l’importance de cet hommage.
Ces émotions ont dû rapidement laisser la place à la suite, car nous avons vécu la fin du camp puis je me suis rendue à la cérémonie des consécrations qui avait aussi lieu ce dimanche en fin d’après-midi.
Parmi les 5 nouveaux ministres de l’EREN consacrés lors de ce culte, je me sentais tout particulièrement touchée par la consécration au ministère pastoral de Martin, dont j’ai été la maîtresse de stage.
Ces deux événements, vécus en l’espace de quelques heures seulement, m’ont rappelé pourquoi j’ai souhaité devenir pasteure. J’ai commencé des études en théologie à l’université par intérêt pour le texte biblique. Un pasteur m’avait fait découvrir combien il était passionnant d’apprendre à connaître le monde des textes: le contexte dans lequel ils ont été écrits, les récits oraux qui les ont inspirés, l’effet qu’ils ont eu sur leurs auditeurs et bien entendu comment ils pouvaient nous parler aujourd’hui encore.
J’avais cet intérêt intellectuel et personnel pour les textes, mais pas du tout le désir de devenir pasteure. Au cours de mes études, j’ai acquis beaucoup de connaissances, mais j’ai aussi fait beaucoup de découvertes fondamentales. Ce que j’apprenais prenait sens dans mon existence et je me souviens très bien qu’un jour, en plein cours, je me suis dit: «Tu ne peux pas garder cela pour toi, tu dois le transmettre!»
C’est donc avec cette envie de transmettre le cœur de l’Évangile que je me suis lancée dans le pastorat. Et c’est cette même envie qui rend pour moi le travail de jeunesse si important. Ce même élan qui m’avait alors poussé à accepter de devenir maîtresse de stage.
Auréolée de ces «succès» de dimanche dernier, je pourrais ressentir de la fierté ou même en nourrir de l’orgueil. Pourtant le sentiment dominant en moi est celui de la reconnaissance.
Reconnaissance envers mon Eglise qui me permet d’exercer professionnellement ma vocation.
Reconnaissance envers les personnes pour qui je compte dans leur parcours de vie et qui me le disent. Les jeunes sont beaucoup moins pudiques que les adultes pour cela. Ils osent le dire quand ils vivent des choses intenses. Ils osent remercier celles et ceux qui leur permettent de vivre de tels instants de grâce. Ils osent nous le faire savoir si à un moment décisif de leur vie, on a pu avoir une influence positive.
Reconnaissance envers Dieu. J’ai fait le choix de devenir pasteure en espérant qu’au travers de moi, de mes paroles et de mes actes, certains puissent le rencontrer. Il est des témoignages me laissent à penser qu’il se sert parfois de l’outil que j’ai voulu être.
Et reconnaissance bien sûr à Manon et à Martin.
MERCI!