La consommation de cannabis peut-elle faire partie des sacrements religieux?

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La consommation de cannabis peut-elle faire partie des sacrements religieux?

Stephanie Wang
17 juillet 2015
La «Première Eglise du Cannabis», en Indiana, a déposé plainte pour attente à sa liberté religieuse. Dans cet état, la consommation de marijuana est illégale entravant ainsi les pratiques religieuses de cette nouvelle «Eglise».

Photo: Bill Levin dans le sanctuaire de l’«Eglise du Cannabis» © Kelly Wilkinson/RNS

(USA Today-RNS-Protestinter)

Indianapolis – La «Première Eglise du Cannabis» (First Church of Cannabis), créée en mars 2015 par Bill Levin, a déposé une plaine mercredi 8 juillet contre l’Etat d’Indiana et la ville d’Indianapolis, défiant les lois de l’Etat sur la possession et l’utilisation de marijuana, pour atteinte à leurs croyances religieuses. La plainte, déposée dans le tribunal du comté de Marion, soutient que le cannabis est le sacrement de cette Eglise et que ses membres pensent que la marijuana «les rend plus proches d’eux-mêmes et des autres».

«Nous prenons, aujourd’hui, des mesures juridiques pour nous assurer que l’amour n’a pas de barrières dans notre pays», explique devant l’Etat d’Indiana, Bill Levin, le fondateur de l’«Eglise du Cannabis». «Nous invitons l’Etat et tous ses dirigeants à nous rencontrer dans une cour de justice afin de clarifier les fondements de nos valeurs religieuses», précise-t-il. «Nous nous réjouissons de collaborer avec eux sur notre projet de dignité et de discipline, avec amour et compassion, afin de trouver une réponse rapide et sensible à nos questions d’égalité religieuse».

Selon la nouvelle loi sur la liberté religieuse de l’Etat, qui a pris effet le 1er juillet dernier, le gouvernement doit prouver qu’il fait respecter les intérêts d’une personne qui prétend subir un tourment injustifié par rapport à sa liberté religieuse. L’«Eglise du Cannabis» a donné son premier service religieux le 1er juillet, mais elle a assuré que ses membres, avertis que la police arrêterait toutes personnes qui fumeraient de l’herbe, n’en consommeraient pas.

Mike Pence, le gouverneur de l’Indiana, le procureur général Greg Zoeller, le commissaire de la police de l’Etat d’Indiana Douglas G. Carter, le chef de la police d’Indianapolis Rick Hite, le maire d’Indianapolis Greg Ballard ainsi que le shérif du comté de Marion John Layton sont également accusés dans le procès. En déposant sa demande, très attendue, de liberté religieuse, la «Première Eglise du Cannabis» a posé la question qui se retrouve actuellement dans tous les tribunaux: est-ce une vraie religion? Et a-t-elle le droit de pratiquer ses croyances?

Des experts sceptiques

Certains experts restent sceptiques quant au fait que les revendications de l’«Eglise du Cannabis» fassent le poids devant un juge. Mais l’affaire met le doigt sur certaines complexités liées à la liberté religieuse et soulève des questions sur la façon dont la nouvelle loi de l’Etat d’Indiana peut être utilisée.

«Est-ce une véritable religion ou est-ce un prétexte?», interroge le professeur de droit de l’Université d’Indiana, David Orentlicher. «Parce que nous pouvons imaginer que n’importe qui utilisant une substance illicite dise «c’est ma religion». La cour doit prendre position».

C’est le premier test que l’«Eglise du Cannabis» impose à la cour: à savoir si le cannabis fait partie d’une croyance religieuse, sincère et profonde. L’«Eglise du Cannabis» soutient que pour ses membres, appelés les «Cannaterians», le cannabis est un sacrement religieux qui «les rapproche d’eux-mêmes et des autres. C’est leur fontaine de jouvence, leur amour, qui les guérit de la maladie et de la dépression», peut-on lire dans la plainte déposée auprès du tribunal du comté de Marion.

Toutefois, étant donné que les lois de l’Etat stipulent que la marijuana est illégale, la pratique de cette religion – selon les arguments de l’«Eglise du Cannabis» - met ses membres en danger de poursuites pour l’utilisation de leur sacrement.