Difficultés de lecture

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Difficultés de lecture

Philippe Krasnopolski
18 mai 2015
Quand «l’après 11 janvier» contrarie le dialogue interreligieux. L’exemple de «Lire les Ecritures».

Photo: DR

«Venez moins avec votre foi qu’avec votre avis de chrétien, de juif ou de musulman»: l’invitation de Marc-Henry Baudot, responsable de l’Atelier Spiritualité de «La Vie Nouvelle» (LVN), une association personnaliste, à la trentaine de jeunes des trois religions monothéistes venus ce week-end du 14 au 17 mai à Lyon, au centre Jean Bosco, pour «Lire les Ecritures».

Trois journées au rythme de séances plénières et d’ateliers consacrés à la lecture partagée de deux à quatre textes du Coran vendredi dernier, de la Torah samedi et de la Bible dimanche. Et trois experts pour aider ces jeunes et les autres participants à découvrir ces écrits, à «en soulever les éventuels pièges et à en tirer quelques sens pour notre société actuelle»: une bibliste protestante lyonnaise, Nicole Fabre, un rabbin parisien, Yeshaya Dalsace, et un islamologue professeur à l’Institut d’Etudes politiques d’Aix-en-Provence, Rachid Benzine.

«Le but de ces rencontres, c’est que le jeune qui y participe écoute l’autre, explique Marc-Henry Baudot, qu’il puisse découvrir un livre n’appartenant pas à sa tradition culturelle, se questionner sur sa propre compréhension de ces textes et prendre ainsi conscience que leurs interprétations n’ont rien de sacré».

C’est en 2005 qu’a eu lieu la première session de «Lire les Ecritures». A l’initiative du pasteur réformé Roby Bois qui, dans les années 50, avait vécu une dizaine d’années dans les Aurès en Algérie et s’intéressait donc à l’Islam. Fort du succès de cette première rencontre, une seconde a été organisée en 2007. Puis huit autres rassemblant de trente à cinquante personnes. Celle du week-end dernier en a réuni près de quatre-vingts dont seulement 13 jeunes musulmans, des étudiants d’une école de commerce marocaine

«La préparation de cette 9e session s’est déroulée dans un contexte particulier, celui de l’après 11 janvier, sur fond de débat sur la laïcité, d’instrumentalisation du religieux, de replis identitaires et de dialogue interreligieux au point mort», explique Marc-Henry Baudot.

D’où la difficulté pour Vie Nouvelle d’atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé cette année: recevoir des jeunes de la banlieue lyonnaise. A cette fin, elle avait noué un partenariat avec une autre association: «Coexister», un mouvement interreligieux de jeunes qui promeut «la coexistence active au service du vivre ensemble». «A défaut d’avoir les jeunes maghrébins, nous aurons au moins certains de ceux qui les accompagnent», espérait Marc-Henry Baudot peu avant la session de ce week-end.