L’université explore l’écart entre la règle liturgique et sa pratique

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L’université explore l’écart entre la règle liturgique et sa pratique

5 mai 2015
Les théologiens catholiques de l’Université de Würzburg se lancent dans un projet de recherche sur la pratique cultuelle et les variations dans les formes liturgiques sur le terrain. Ce projet de théologie pratique est soutenu par la Fondation allemande pour la recherche, et va durer trois ans.

Photo: CC(by) Jean-Louis Zimmermann

(EPD/Protestinter) Les changements dans les lignes directrices de la liturgie occasionnent encore des réactions violentes, selon l’Université de Würzburg. Il suffit pour s’en rendre compte de taper le terme «abus liturgiques» en allemand sur un moteur de recherche, et de voir s’afficher autour de 114’000 résultats. En première ligne par exemple, la modification de l’avant dernière demande du «Notre Père»: «ne nous soumets pas à la tentation». Si le Vatican a accepté en 2013 que la formule soit changée dans la nouvelle traduction de la TOB (traduction œcuménique de la Bible), pour mieux rendre justice au texte grec (elle devient ainsi: «ne nous laisse pas entrer en tentation»), la formule liturgique demeure officiellement inchangée.

L’objectif de la recherche est d’interroger les différents intervenants liturgiques, prêtres, diacres et laïcs titulaires, pour voir ce qui les pousse «à s’écarter des lignes directrices liturgiques», et proposer à terme des changements, explique le professeur de science liturgique Martin Stuflesser. C’est lui qui dirige le projet avec le professeur de pédagogie de la religion Hans-Georg Ziebertz, et avec le soutien financier de la Fondation pour la recherche allemande (DFG) à hauteur de 186’000 euros, sur trois ans. «Avec ce soutien, la DFG reconnaît également la réalisation de recherches antérieures dans ce domaine de la recherche», a déclaré Martin Stuflesser. L’étude empirique de la réception des formes liturgiques n’a pas encore été traitée en tant que champ de recherche.

Le professeur de théologie pratique rappelle que toutes les liturgies catholiques sont fixées par ce que l’on appelle les «rituels», des livres liturgiques où tout est écrit dans les moindres détails. Cependant à peu de choses près dit-il, on peut comparer la pratique sur le terrain à l’adaptation que fait le metteur en scène d’une pièce de théâtre. C’est ainsi, explique-t-il, que la mise en scène peut différer massivement d’un metteur en scène à l’autre, en fonction de sa sensibilité littéraire. Ce qui nous intéresse, dit-il, c’est de voir pourquoi un prêtre laisse de côté telle ou telle prière, ou bien modifie un texte. Nous voulons opposer à une critique globale des «abus liturgiques» (les entorses faites à la règle des «rituels»), les raisons et les causes des modifications qui sont faites dans la pratique.

Les scientifiques vont ainsi interroger les prêtres, les diacres, les assistants pastoraux et les responsables de paroisse dans quatre évêchés: ceux de Würzburg, Mayence, Essen, et dans un évêché de situé dans l’est de l’Allemagne. L’étude distinguera les réponses en fonction de l’âge, car il existe une variation importante de la manière dont ont été marqués les uns et les autres par les réformes de la liturgie catholique, a souligné le directeur de l’étude.

Tout en s’attendant à un travail fructueux, Martin Stuflesser et Hans-Georg Ziebertz espèrent déjà donner au projet une dimension œcuménique en y associant des collègues théologiens protestants.