Les prédications des femmes ne font pas fuir la gent masculine des temples neuchâtelois

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Les prédications des femmes ne font pas fuir la gent masculine des temples neuchâtelois

Laurence Villoz
9 janvier 2015
L’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel réagit face à l’article du quotidien «Le Matin», paru le 7 janvier, sur «la féminisation de l’Eglise» et ses conséquences sur le taux d’hommes présents lors des cultes. Selon elle, cette réalité n’existe pas dans le canton de Neuchâtel.

Photo: Madeleine Blocher-Saillens (1881-1971), la première femme pasteur du protestantisme français

«Fondamentalement, il n’y a pas de différences entre les prédications des femmes et des hommes», lâche la pasteure Isabelle Ott-Baechler, lauréate du Prix suisse de la prédication 2014. Mercredi 7 janvier, le quotidien romand «Le Matin» a publié un article intitulé «Ils dénoncent une «Eglise de nanas» qui se base sur les propos de Gottfried Locher, le président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), et du pasteur zurichois, Herbert Pachmann, de Reformierte Presse. «Le Matin» reprend les paroles du président de la FEPS publiées fin novembre dans l’hebdomadaire «Die Weltwoche». La féminisation des prédications et les thématiques choisies par les femmes pasteures contribueraient à la baisse de fréquentation des cultes, en particulier de la part de la gente masculine.

«Nous ne vivons absolument pas ce genre de situations au sein de l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN)», réagit Angélique Kocher, la responsable de la communication. C’est pourquoi l’Eglise neuchâteloise a publié sur son site internet un texte pour expliquer son désaccord par rapport aux conséquences de la féminisation de la prédication. «Dans l’EREN, où il y a depuis quelques années parité femmes-hommes parmi les ministres, les hommes n’ont pas disparu des assemblées ou des conseils paroissiaux. Les images, les thèmes et les formulations ont été enrichis et ils touchent l’être des personnes, plutôt que le genre de celles-ci», peut-on lire.

Une situation différente en Suisse alémanique?

«Nous ne voulons pas créer la polémique, mais simplement expliquer la réalité, peut-être qu’en Suisse alémanique la situation est différente», précise Angélique Kocher. On reprocherait aux femmes des cultes trop mous, n’incorporant pas assez de thématiques sur le pouvoir ou les affaires. «Dans la paroisse du Joran, il y a une majorité de femmes pasteures. Et nous sommes loin d’avoir des prédications gentillettes», conteste Isabelle Ott-Baechler. «Une dérive sociétale attribue l’«ultra-compassionnel» à des valeurs féminines. Nos prédications sont d’une grande qualité intellectuelle. D’ailleurs cette situation est un peu ironique, car ce sont trois femmes qui ont gagné les prix de prédication en 2014», ajoute-t-elle.

Si le continu des prédications est indépendant du sexe des pasteurs, «la présence publique d’une femme ou d’un homme n’est pas de même nature», explique Michel Kocher, journaliste et directeur de médias-pro, le département protestant des médias. «Leur voix n’a pas la même tessiture. Si le spectateur s’attend à une voix de ténor et qu’il entend celle d'une soprano, il sera peut-être surpris. Il doit s’habituer», ajoute l’homme de radio.

Quant aux propos de Gottfried Locher, la FEPS n’a pas fait de communication publique pour l’instant. «Mais il n’a jamais parlé d’un manque de qualité dans le travail des femmes», souligne Anne Durrer, la responsable de la communication de la FEPS.