La note s’alourdit pour les réformés valaisans

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La note s’alourdit pour les réformés valaisans

Elisabeth Schenker
11 novembre 2014
L’Eglise évangélique réformée du Valais augmente son financement à la faitière romande des Eglises réformées

Photo: Le culte d’ouverture du synode a été l’occasion de l’agrégation de Daniel Rüegg, pasteur à Brigue.

Réunie samedi 8 novembre en synode, l’Eglise évangélique réformée du canton du Valais (EREV), a accepté d’augmenter de 24’000 fr. sa participation au financement de la Conférence des Eglises réformée (CER). Cette augmentation a été causée par une modification de la clé de répartition de la CER. «Je suis frappé par l’esprit d’unité qui nous a habités par-delà nos paroisses et nos différences linguistiques», dira Jean-François Fauquex, président du bureau du synode, en fin d’après-midi lors de la clôture de la séance.

Xavier Paillard, président du conseil exécutif de la CER a présenté l’institution et sa raison d’être. «La question de la contribution est une question financière, mais elle est avant tout une question spirituelle», a-t-il souligné, avant de rappeler que la CER «est une association des conseils synodaux de la partie francophone des églises Berne-Jura, de l’Eglise protestante de Genève (EPG) et de l’Eglise évangélique libre de Genève, des Eglises évangéliques réformées des cantons de Neuchâtel (EREN), du Valais et du canton de Vaud, ainsi que la Conférence des Eglises réformées francophones en Suisse allemande (CERFSA). La CER est là pour faire ce que chaque église ne peut pas faire toute seule de son côté, pour mutualiser entre autres la formation, la communication et l’édition. Or, continue-t-il, nous n’avons que deux églises cantonales fortes sur le plan financier, qui sont soutenues par l’Etat: l’union synodale Berne-Jura et l’EERV, laquelle paye à elle seule 50% du poids de la CER. L’EPG et l’EREN vivent des temps extrêmement difficiles. Avant la question de l’argent, il s’agit de se poser la question du sens et de la volonté que nous avons de travailler ensemble».

Mario Giacommino, membre du conseil synodal, rappelle en réponse que la CER est loin d’être une inconnue à l’EREV: «nous sommes parmi les membres fondateurs de la CER et oui, la CER c’est nous, aussi! Quand on forme des ministres à la CER on les forme pour la Suisse romande. Pendant longtemps, l’Eglise valaisanne a bénéficié de l’aide des Eglises sœurs, sans compter les cultes télévisés et radios dont bénéficient tous ceux d’entre nous qui préfèrent, ou doivent rester chez eux. C’est ça, le fruit de la mutualisation des ressources. De plus, un ministre “CER” à l’EREV, c’est la garantie qu’il dispose d’une formation reconnue. L’augmentation de participation demandée est importante, reconnaît-il, mais c’est vrai que depuis 20 ans, nous avons pratiquement doublé le nombre de paroissiens. Nous sommes une Eglise en croissance, et nous devons nous réjouir. De plus, contrairement aux églises de Neuchâtel et Genève, nous pouvons nous appuyer sur une base légale favorable: la loi nous garantit entre 60 et 70% de l’argent dont nous avons besoin».

La CER doit réduire la voilure

Si la nouvelle clé de répartition est bien adoptée à 43 voix contre 3 et deux abstentions, la proposition corollaire à l’acceptation de l’augmentation est la suivante: «que le synode mandate le conseil synodal pour tout mettre en œuvre pour que la CER revoie son fonctionnement et diminue sa voilure, impliquant ainsi une diminution de la participation de l’EREV», avec le dépôt d’une motion pour l’AG de la CER du 6 décembre prochain. Cette deuxième proposition est elle aussi acceptée à une large majorité. Car malgré sa croissance, l’EREV a dû voter un budget 2015 déjà déficitaire, et c’est en puisant sur ses fonds de réserves que l’Eglise valaisanne pourra cette année encore, faire face. «Nous avons puisé chaque année dans nos réserves, et nos réserves diminuent, insiste Pierre-Alain Mischler diacre et conseiller synodal, il faut trouver des solutions dès l’année prochaine.»

Ne pas avoir peur de demander

«Les Eglises qui se sont tournées vers la recherche de fonds nous montrent que cette manière de faire n’est pas efficace», intervient un délégué au synode, «mais les gens donnent dans la proximité et quand ils savent pour quoi.» Le pasteur Philippe Genton enfonce le clou: «nous sommes un pays riche, nous sommes un canton riche, il ne faut pas avoir peur de demander! Il faut dire ce qu’on veut en faire. Il faut donner envie aux partenaires de donner de l’argent et leur dire à quoi ça va servir!»

L’Eglise réformée du Valais

L’EREV, une Eglise traditionnellement bilingue, a su se doter d’une organisation administrative très légère et qui a fait ses preuves, la place des paroisses est très importante. C’est une Eglise de diaspora qui a autrefois reçu de l’aide des Eglises de Berne, Vaud et Genève. Au début du XXe siècle, les paroisses optent pour une organisation fédérale pour les questions d’ordre matériel. L’EREV date de 1949 et acquiert en 1974, avec les catholiques romains, le statut officiel d’Eglise de droit public.

En 1993, la loi sur la relation entre les églises et l’Etat est votée, mais toutes les paroisses n’en bénéficient pas à la même hauteur: la contribution des communes couvre les besoins des paroisses à hauteur de 47 à 77%. L’EREV est constituée d’environ 20’000 protestants (soit environ 6% de la population), elle est constituée de 10 paroisses, et compte 17 pasteurs, qui chacun consacrent un septième de leur temps à l’administration cantonale.