Un détenu musulman se retrouve devant la Cour suprême à cause de sa barbe

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Un détenu musulman se retrouve devant la Cour suprême à cause de sa barbe

20 octobre 2014
Alors que le port de la barbe est interdit dans les prisons de l’Arkansas, un détenu musulman prône la liberté de religion pour éviter de se raser. L’affaire est examinée par la Cour suprême.

Photo: Gregory Holt

RNS Protestinter - La demande de Gregory Holt âgé de 38 ans, qui purge une peine à perpétuité dans l’Arkansas, est examinée par la Cour suprême des Etats-Unis depuis le 7 octobre dernier. La pétition de ce détenu, qui fait 15 pages, argumente en faveur de son droit à porter la barbe, en tant que musulman pratiquant. Or, l’Etat de l’Arkansas interdit le port de la barbe dans les prisons, et en appelle à son règlement en matière d’hygiène et de sécurité.

En effet, les officiels de la prison rappellent qu’une barbe, en prison, peut servir à cacher des armes, de la drogue ou même des cartes SIM. Mais il s’agit aussi d’une mesure préventive: des prisonniers qui s’échappent pourraient se raser la barbe rapidement, et ainsi échapper plus facilement à la police. «Les prisons n’ont pas suffisamment de personnel pour pouvoir inspecter chaque jour la barbe des détenus», ajoutent-ils.

Ils s’opposent à la demande de ce nouveau converti, et soulignent que c’est un homme violent, qui s’est converti au salafisme et qu’il a déjà été impliqué dans des rixes religieuses à l’intérieur de la prison. Sans compter que privilégier un détenu parmi d’autres pose des problèmes d’inégalité de traitement. Les officiels de l’Arkansas soulignent enfin aussi que nombre de musulmans ne portent pas la barbe. Le détenu, lui, en appelle à la liberté religieuse.

Si la demande est curieuse, la décision de la Cour Suprême d’entrer en matière est quant à elle remarquable, car cette haute instance n’accepte de statuer que sur 1% des pétitions qui lui sont adressées, selon le site web de la Cour Suprême. La décision est attendue pour le printemps 2015.

Comme dans beaucoup de religions en effet, les croyants varient dans leurs pratiques. Et bien qu’il n’y ait rien dans le Coran qui demande aux hommes musulmans de se laisser pousser la barbe, trois des principales écoles de l’Islam sunnites sur quatre la considèrent comme obligatoire.

La barbe dans différentes religions

Dans le judaïsme

«Ne taille pas en rond le bord de ta chevelure, et ne supprime pas ta barbe sur les côtés »: c’est une des prescriptions du livre du Lévitique (Lv 19,27) qui sert de référence aux ultra-orthodoxes pour interdire aux hommes de se raser. Ce verset est toutefois interprété très différemment dans les différentes branches du judaïsme.

Dans le christianisme

Entre la barbe louée par Saint Augustin, «la barbe est un signe de courage» et l’éloge de la tonsure qui apparaît en l’an 1000, le christianisme a connu des positions diverses. Le visage glabre a pu être vu soit comme un signe de sainteté, soit comme un signe de virilité.

Chez les orthodoxes, par contre, la barbe est vue comme un signe de dévotion à Dieu; ils citent volontiers le livre des Nombres «pendant tout le temps de son vœu de naziréat, le rasoir ne passera pas sur sa tête, jusqu’à l’achèvement du temps pour lequel il s’est consacré au Seigneur, il sera saint, il laissera croître librement les cheveux de sa tête» (Nb 5,6).

Dans l’islam

Si le Coran ne prescrit pas la barbe pour les musulmans, le Hadith (la collection des paroles du prophète Mahommet) présente Mahommet comme demandant à ses disciples de porter la barbe.

Chez les sikhs

Chez les sikhs, la chevelure ainsi que toute la pilosité sont sacrées, car elle fait partie de la création de Die. «Ne jamais couper ni cheveux ni poils» est l’un des cinq articles de foi des sikhs. Il concerne tant les hommes que les femmes.

Chez les anabaptistes

Les anabaptistes considèrent que la barbe est le signe de l’homme accompli: seuls les adultes mariés portent la barbe, qui indique «le respect de la tradition, et la non-conformité avec le monde».