2017: fêter ensemble, mais fêter quoi?

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2017: fêter ensemble, mais fêter quoi?

Elisabeth Schenker
1 octobre 2014
Les protestants s’apprêtent à célébrer les 500 ans de la Réforme. Organiser des festivités pour cet événement va-t-il de soi? L’an passé, Eglises suisses et Allemandes se sont réunies pour réfléchir à cette question.

Les actes du congrès international sur le Jubilé de la Réforme, qui s’est déroulé l’an passé à Zurich, viennent d’être publiés chez Labor et Fides. L’Eglise protestante en Allemagne (EKD) issue essentiellement de la Réforme luthérienne, et la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), issue de la réforme zwinglienne et calvinienne, ont décidé en 2012 de «donner un signe de l’unité du protestantisme» en organisant cet événement pour préparer le Jubilé.

La FEPS et l’EKD ont souligné que, «grâce à l’accord théologique obtenu entre les familles protestantes sur la colline du Leuenberg dans le canton de Bâle-Campagne en 1973, connu sous le titre de “Concorde de Leuenberg”, les célébrations à venir obtenaient une nouvelle signification supraconfessionnelle dans le protestantisme, en deçà de laquelle les Eglises ne pouvaient plus revenir».

Ce congrès a été l’occasion de faire le point: «que voulons-nous célébrer?», «pourquoi?», et enfin, «avec qui?». Ces questions ne sont pas simples: si la pratique du jubilé, en tant que «fête commémorative», date de 1617 dans les états luthériens, ce n’est que dans la «deuxième moitié du XIXe siècle, avec le développement des mémoires nationales, qu’on assiste à l’essor des jubilés de la Réforme dans les pays protestants, y compris réformés», rappelle Marianne Carbonnier-Burkard, docteur en philosophie et chargée de cours à l’Institut Protestant de théologie de Paris. Toutefois, «le Jubilé de la Réforme n’est pas un événement commémoratif, mais un cheminement commun» précise Martin Schindehütte, spécialiste des relations œcuméniques de l’EKD.

Et la dimension œcuménique de ce Jubilé, c’est justement l’endroit où le bât blesse: la participation de l’Eglise catholique romaine, selon Thies Gundlach, docteur en théologie et vice-président de l’EKD, est «ternie par son discours affirmant que la Réforme aurait provoqué le schisme de la chrétienté occidentale et que cette perte de l’unité devrait être la base déterminante de son évaluation. Si bien qu’au mieux on parlerait d’une “mémoire” de la Réforme et qu’il conviendrait de planifier des actes de pénitence plutôt qu’une fête.

Dans ce contexte, les questions récurrentes quant à ce qui doit réellement être fêté en 2017 sont parfaitement justifiées. En effet, le protestantisme actuel est établi de telle manière qu’il n’y donne et n’y donnera pas “la” réponse, mais des réponses toujours nouvelles, toujours différentes et aussi parfois contradictoires». C’est pourquoi, continue-t-il, «le Jubilé de la Réforme 2017 place la redécouverte de l’Evangile au centre, parce que l’intention de la Réforme n’était pas de fonder une nouvelle religion».

Du côté des contributions qui ont abordé les questions dogmatiques, celles de deux professeurs de la faculté autonome de théologie protestante de Genève, les professeurs Christophe Chalamet et François Dermange. A noter l’intervention d’Aiming Wang, professeur de théologie à l’université de Nankin, pour un état des lieux du protestantisme en Chine.

«La dimension mondiale de l’Eglise protestante a été rendue visible par ce congrès», se félicitent la FEPS et l’EKD, en réunissant des Eglises membres de la Commission d’Eglises protestantes en Europe (CEPE) mais aussi des Eglises partenaires du monde entier.

Sur le web
Un site pour interagir: www.ref-500.ch