De l’abstinence à l’abondance: le Jeûne fédéral reste une fête qui symbolise le rassemblement

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De l’abstinence à l’abondance: le Jeûne fédéral reste une fête qui symbolise le rassemblement

19 septembre 2014
Que reste-t-il du Jeûne fédéral? La tarte aux pruneaux? Il y a presque un siècle, on s’émouvait de ce que cette fête perde son sens…

Par Elisabeth Schenker

Photo: CC(by) Katie Tegtmeyer

En 1919 déjà, la presse s’étonnait qu’il ne reste rien des traditions d’hier. Ainsi le «Conteur vaudois» nous raconte que le jour du Jeûne fédéral, en 1843, pour pouvoir avoir une place assise au temple, «il fallait y pénétrer longtemps avant la sonnerie».

La fermeture de tous les établissements de la ville, ordonnée par loi cantonale, était effective dès le samedi 15 heures jusqu’au lundi matin.

A Morges, toujours selon ce journal d’archive, la cérémonie du dimanche, qui commençait dès huit heures, se déroulait en plusieurs temps: lecture de la Bible, sermon du pasteur («assez… long» souligne le chroniqueur), psaumes chantés, puis discours des magistrats de la ville. Après une dernière lecture de la Bible, donnée par l’instituteur et «une suite de prières», chacun pouvait rentrer chez soi, et déguster «le ou les gâteaux aux pruneaux». Il était seize heures sonnées…

Un jour férié ordinaire

De nos jours, même les Soleurois pourront cette année, pour la première fois, profiter de leur Foire d’automne. En effet si depuis bien longtemps la loi cantonale vaudoise permet au Comptoir Suisse d’ouvrir ses portes à Lausanne pendant le Jeûne fédéral, la foire d’automne de Soleure n’avait pas cette possibilité…

Mais le 18 mai dernier, le canton de Soleure s’est prononcé en faveur du déclassement du Jeûne fédéral de jour férié «solennel» (hoher Feiertag) en jour férié «ordinaire» (gewöhnlicher Feiertag). Le peuple a tranché malgré la mobilisation des Eglises du canton, lesquelles avaient mené campagne au sein d’un comité référendaire, pour que le Jeûne fédéral conserve son statut «à l’instar du Vendredi saint, du dimanche de Pâques, de Noël, et de la Pentecôte». Selon les membres de ce comité, le Jeûne fédéral reste une célébration interconfessionnelle «importante, historique et fortement ancrée dans la culture du pays», et ils la trouvaient encore pleinement justifiée.

Prier pour les victimes de violences

Pour le Jeûne fédéral 2014, la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse invite les croyants à prier pour les victimes de persécutions, de guerres et de violences, en particulier au Moyen-Orient. «En de nombreux endroits dans le monde, des minorités religieuses et ethniques sont persécutées, torturées, déportées et tuées –en ce moment plus particulièrement en Syrie et en Irak. Beaucoup de chrétiennes et de chrétiens du Moyen-Orient ont demandé à leurs frères et sœurs dans la foi des pays occidentaux de ne pas les oublier et de prier pour eux. C’est donc à eux, mais aussi aux fidèles d’autres religions qui souffrent également du régime de terreur instauré par les combattants islamistes, qu’est dédiée la prière du Jeûne», peut-on lire sur le site de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, qui relaye cet appel à l’intercession.