Boko Haram s’attaque à des Eglises du Nord du Nigéria

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Boko Haram s’attaque à des Eglises du Nord du Nigéria

Fredrick Nzwili
8 septembre 2014
Cinq mois après avoir enlevé plus de 200 filles dans une école de l’état nigérian de Borno, le groupe islamiste extrémiste Boko Haram a commencé à occuper des églises du nord-est du pays, selon les responsables d’Eglises locales.

,RNS/Protestinter, Nairobi, Kenya

Le groupe militant, considéré par certains analystes et responsables d’Eglises comme une variation africaine de l’Etat islamique, décapite des hommes et oblige les femmes à se convertir à l’islam avant de les épouser, selon les sources locales. «Les choses tournent très mal», s’alarme le révérend John Bakeni, secrétaire du diocèse catholique romain de Maiduguri au nord-est du Nigéria. «Un grand nombre de nos paroisses dans les régions de Pulka et de Madagali ont été envahies ces derniers jours.»

Les membres de Boko Haram ont installé leur base dans l’enceinte de l’église et dans le presbytère de la paroisse Saint-Denis à Madagali, explique le prêtre. Ils ont envahi l’église le 23 août. «Le prêtre en place est parvenu à s’échapper, mais ils ont pris sa voiture et d’importants documents appartenant à l’Eglise», explique John Bakeni «Beaucoup de civils sont désormais en fuite», ajoute-t-il. «Beaucoup d’autres ont été capturés et tués. La vie n’a aucune signification pour Boko Haram, elle n’a aucune valeur.»

Première opération en 2009

En 2009, le groupe avait lancé sa première opération militaire à Maiduguri, plaidant pour une application stricte de la charia. Depuis il a attaqué des églises, des villages, des services gouvernementaux et des lieux publics du nord et du nord-est du Nigéria.

Boko Haram a aussi été auteur d’enlèvement de masses dans la région. Le groupe détient toujours plus de 200 filles enlevées le 14 avril dernier dans une école de Chibok.

Le mois dernier, Boko Haram a pris le contrôle de la ville de Gwoza, dans l’état de Borno, qui était sous le contrôle des forces gouvernementales. Après cette victoire, le chef du groupe, Abubakar Shekau, avait proclamé le califat islamique.

Même idéologie que l’Etat islamique

Pour les responsables d’Eglise, la ligne séparant Boko Haram de l’Etat islamique est bien mince. «La même idéologie guide leurs méthodes et leurs règlements», estime John Bakeni.

En raison de la montée en puissance de Boko Haram, les chercheurs considèrent que l’extrémisme islamique menace autant l’Afrique que le Moyen-Orient, la péninsule arabique, le Pakistan et l’Afghanistan. «Boko Haram porte intrinsèquement des signes d’apparentement avec des mouvements qui se développe ailleurs dans le monde musulman», écrit dans l’édition de juillet/août d’«Horn of Africa Bulletin» (bulletin de la corne de l’Aflrique), le théologien d’Afrique du Sud Charles Villa-Vicencio, professeur invité de l’Université de Georgetown dans le cadre du programme de résolution de conflit. «les musulmans résistants sont engagés dans un combat contre l’influence occidentale pour retrouver les valeurs antérieures»