Le Conseil œcuménique appelle l’ONU à une aide urgente en Irak

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Le Conseil œcuménique appelle l’ONU à une aide urgente en Irak

4 septembre 2014
L’Organisation qui regroupe 345 Eglises chrétiennes a envoyé des délégués au Kurdistan irakien. Les témoignages recueillis sur place sont alarmants.

Photo: Session spéciale sur l’Irak du Conseil des Droits de l’homme. ONU Genève

Une délégation du Conseil œcuménique des Eglises (COE) s’est rendue dans le Kurdistan irakien. Sur la base des témoignages recueillis sur place, le COE a appelé le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies à mandater une mission urgente. Le COE, en collaboration avec le rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, a également présenté un rapport sur la situation alarmante des minorités religieuses dans le nord de l’Irak.

«Nous avons pu parler et recueillir les témoignages d’un nombre important de personnes déplacées de Mossoul, de la plaine de Ninive et d’autres endroits sous le contrôle de l’Etat islamique», déclare, dans un communiqué, Peter Prove, directeur des affaires internationales du COE et responsable de la délégation en Irak. «Leurs histoires témoignent de la brutalité inhumaine et de la violence de l’Etat islamique et de ses mesures répressives et coercitives visant à éliminer toute diversité religieuse dans la région.» Peter Prove insiste sur la nécessité d’un «engagement clair de la communauté internationale pour maintenir et protéger la diversité de religions en Irak.»

La prise de position du COE, déposée lundi 1er septembre à l’office de l’ONU à Genève, appelle le Conseil des Droits de l’homme à s’engager en faveur d’un soutien accru aux populations déplacées. Elle recommande également une résolution du Conseil de sécurité sur cette même question contenant des mesures efficaces pour priver l’Etat islamique de soutiens financiers et matériels.

Situation particulièrement inquiétante à Qaraqosh

La prise de position du COE attire l’attention sur la situation d’une centaine de personnes, environ, dont on sait qu’elles sont restées à Qaraqosh, une ville dont l’Etat islamique a pris le contrôle. «Ces personnes sont, en réalité, maintenues captives. Nous fournirons au Haut commissariat des Droits de l’homme une liste de noms d’une partie de ces personnes afin qu’ils puissent bénéficier de tout soutien urgent de la part de structures de l’Organisation des Nations unies.»

En raison des rencontres faites sur place par ses délégués, le COE, dans sa prise de position, insiste tout particulièrement sur la situation des femmes. «Nous craignons tout particulièrement pour les femmes et les filles retenues à Qaraqosh. Nous avons recueilli des témoignages, selon lesquels des femmes seraient retenues en cages, achetées et vendues comme esclaves par les djihadistes de l’Etat islamique.»

Durant leur séjour en Irak, les délégués du COE sont allés à la rencontre de personnes déplacées issues des communautés chrétiennes, yézidies et kaka’i (Yârsânisme). Ils ont aussi pu rencontrer des responsables d’Eglises et observer le travail des ONG locales pour distribuer de la nourriture et des biens de première nécessité.

Au-delà de la crise humanitaire en Irak, le COE s’inquiète des souffrances de minorités religieuses et des conséquences à long terme de ces événements. «L’Etat islamique détruit –et a déjà détruit dans les régions qui sont sous son contrôle– la présence et l’identité même des minorités religieuses. Il déchire le tissu social et l’héritage de co-existence interreligieuse dans la région.»

Dans sa prise de position, le COE s’inquiète également de la situation dans la ville de Mossoul où des chrétiens étaient présents depuis l’aube du christianisme. Les chrétiens de la ville ont été chassés, alors que des églises, des monastères et des textes sacrés ont été détruits. «Détruire la capacité militaire agressive de l’Etat islamique et déraciner son idéologie toxique, devraient figurer parmi les priorités de la communauté internationale. En particulier pour nos frères, nos sœurs et nos amis dans l’islam, au nom duquel ces atrocités sont commises.»

Demande d’un tribunal spécial

Le COE en appelle à la fin de la «culture de l’impunité en Irak et dans toute la région», suggérant la création d’un tribunal spécial pour les crimes de guerre en Irak et en Syrie.

(comm/job)