Une modification du mode de collecte de l’impôt pousse les fidèles à quitter l’Eglise allemande

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Une modification du mode de collecte de l’impôt pousse les fidèles à quitter l’Eglise allemande

2 septembre 2014
La communication autour du nouveau mécanisme de perception de l’impôt sur le capital provoque des désaffiliations en masse des Eglises protestante et catholique. Les fidèles craignent l’apparition d’une nouvelle taxe.

Photo: CC(by-nc-sa) Tim Reckmann

Francfort-sur-le-Main (EPD/Protestinter). En raison d’un changement dans la législation fiscale, de nombreux protestants quittent l’Eglise. Le nombre de départs a augmenté de plus de 50% au cours des derniers mois, selon une enquête de l’agence de presse protestante allemande EPD.

Dès 2015, l’impôt ecclésiastique sur les gains en capital sera transmis directement par les banques au Trésor public. L’Eglise protestante allemande (EKD) dit regretter les démissions et l’irritation que cause cette mesure.

L’Eglise bavaroise a compté 14’800 départs entre janvier et juin 2014, 52,6% de plus que l’an passé à la même époque. Dans le Wurtemberg, l’augmentation des départs au premier trimestre a augmenté de 57,1% de 3500 à 5400. L’Eglise protestante de Berlin-Branfebourg-Silésie Haute Lusace annonce 10’010 départs au premier semestre, ce qui est davantage que le cumul de 2011 et 2012. Enfin dans l’Eglise protestante de Hesse-Nassau, le nombre a augmenté de 8000 en un trimestre.

A Brême 780 personnes ont quitté l’Eglise dans le premier semestre de l’année, 31% de plus que de janvier à juin 2013. En Westphalie, de janvier à juin, 7000 fidèles ont quitté l’Eglise, alors qu’ils étaient 12’000 pour l’entier de l’année 2013. L’augmentation des sorties devrait aussi être importante dans les Eglises de Basse-Saxe et du Nord. Un porte-parole de l’Eglise de Baden explique qu’ils ont enregistré une augmentation notable des départs en particulier dans les villes. Des discussions avec les partants ont révélé que l’impôt sur les gains en capital était la cause de nombreuses décisions.

Des taux identiques

Jusqu’à présent, l’impôt ecclésiastique sur le capital était perçu sur la base de la déclaration d’impôt. Dans le futur, il sera perçu directement par les banques. Les taux restent les mêmes. Ce changement n’a pas pour but d’obtenir des revenus supplémentaires, mais «le souhait de proposer un système fiscal juste et simple», a déclaré Thomas Begrich, le chef du département des finances au bureau central de l’EKD. Le règlement prévoit des exemptions pour les petits épargnants. L’impôt ecclésial n’est pas perçu pour les revenus inférieurs à 801€ par an pour les célibataires et 1602€ pour les couples mariés.

Les départs de l’Eglise auraient ainsi pour cause principale la communication liée au changement de mode de prélèvement de l’impôt. Dans l’Eglise protestante de Hesse-Nassau, ce discours a provoqué un «tremblement de terre sur le livret d’épargne». Un porte-parole déclare qu’il est particulièrement regrettable que «les informations bancaires ont provoqué une grande incertitude parmi les membres de l’Eglise, certains craignant à tort un nouvel impôt.» Précédemment, le chef des finances de l’Eglise de Rhénanie, Bernd Baucks avait accusé les banques allemandes d’avoir envoyé des clients à la sortie du culte dominical pour discuter de leurs cas particuliers.

Une large partie de la population n’est pas touchée

Le vice-président, responsable des affaires théologiques, de l’Eglise de Westphalie, Albert Henz, a souligné que les fidèles se sont inquiétés en raison du manque d’information sur la protection des données et sur l’épargne. Mais cette crainte n’est pas fondée, personne ne payera davantage d’impôt qu’avant. De plus, une grande partie de la population n’est pas touchée par l’impôt sur les gains en capital.

Un porte-parole de l’Eglise bavaroise s’est dit surpris du nombre de personnes de plus de 65 ans qui ont quitté l’Eglise. Il ne pouvait imaginer l’ampleur de l’inquiétude de cette tranche d’âge sur son épargne retraite.

Thomas Begrich regrette ce malentendu. Le service de communication de l’Eglise «n’a pas atteint les gens de façon suffisamment claire.» Les membres de l’Eglise n’ont pas compris qu’il ne s’agissait pas là d’un nouveau financement pour l’Eglise. L’EKD a mis en place une ligne téléphonique. Le chef des finances insiste sur le fait qu’au travers de l’impôt ecclésial, les membres de l’Eglise rendent possible le travail de l’Eglise ainsi que d’assumer ses responsabilités sociales. «Chaque départ représente un affaiblissement qui de la solidarité, même si ce sont des décisions qui doivent être respectées.»

Eglise catholique également concernée

L’Eglise catholique est également touchée par le phénomène. Dans le diocèse de Rottenburg-Stuttgart, près de 10’000 personnes ont quitté l’Eglise entre janvier et juin, selon une information de la Frankfurter Allgemeinde Zeitung, contre 14’617 pour l’ensemble de 2013.

L’Allemagne compte environ 24,2 millions de catholiques et 23,4% de protestant. Ensemble, il représentent environ 60% de la population.