Le Conseil œcuménique des Eglises renonce aux investissements dans les énergies fossiles

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Le Conseil œcuménique des Eglises renonce aux investissements dans les énergies fossiles

31 juillet 2014
Bien qu’il n’ait déjà aucun investissement dans les combustibles fossiles, le Conseil œcuménique des Eglise a formellement ajouté ce domaine à la liste des secteurs dans lesquels l’organisation internationale ne place pas d’argent. Un acte symbolique, mais pas seulement: les lignes directrices du conseil servent de modèle à d’autres organisations.

Photo: CC(by-nd) Anthony

(ALC/Protestinfo) Le Comité central, l’organe exécutif du Conseil œcuménique des Eglises (COE), a décidé lors d’une récente rencontre de dire «non» aux investissements dans les énergies fossiles. Cette décision fait partie d’un train de mesures décidées durant le mois de juillet. Le COE déclare s’engager ainsi sur le long terme pour prendre soin de la Création et contre le changement climatique. L’organisation internationale rappelle également son attachement aux investissements éthiques.

Depuis l’adoption du rapport financier, des groupes travaillant sur la question du changement climatique se sont mobilisés en faveur de la décision du COE.

Le COE est une communauté fraternelle d’Eglises regroupant 345 Eglises membres dans 140 pays et représentant quelque 560 millions de chrétiens dans le monde entier.

Avant cette annonce plusieurs Eglises membres s’étaient déjà engagées à mettre fin à leurs investissements dans les combustibles fossiles, parmi lesquelles l’Eglise unie du Christ aux Etats-Unis, l’Eglise anglicane d’Aotearoa de Nouvelle-Zélande et de Polynésie ainsi que l’Eglise luthérienne de Suède.

Cette décision est également un signal fort à l’approche d’une conférence interreligieuse sur les changements climatiques qui se tiendra les 21 et 22 septembre à New York, avant le sommet sur le climat des Nations Unies.

«Nous sommes touchés de voir les réactions suscitées par cette seule ligne tirée d’un volumineux rapport financier», a déclaré Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE. «Prendre soin de la Création et défendre la Justice sont au centre du travail du COE sur le changement climatique.»

«Le COE veut être prudent dans ses investissements, en évitant ce que nous considérons comme contraire à l’éthique dans une entreprise d’aujourd’hui. Et grâce à notre politique d’investissement, nous montrons par les actes que nous croyons qu’une partie de l’économie n’est pas au service d’un avenir durable», a déclaré le pasteur Tveit. «L’utilisation des combustibles fossiles doit être réduite de manière significative. En refusant d’investir dans les entreprises de ce secteur, nous voulons montrer une direction que nous devrions suivre comme une grande famille humaine pour réagir correctement face au changement climatique.»

Un engagement de longue date

Le COE a commencé à travailler sur le changement climatique au début des années 1990, et au cours des deux dernières décennies, a activement contribué à l’émergence d’un mouvement pour la justice climatique, atteignant des millions de personnes à travers le monde.

En 2009, dans le cadre de la première journée mondiale d’action organisée par la campagne 350.org, le COE avait encouragé ses Eglises membres et les congrégations à faire sonner les cloches d’Eglise ou faire retentir les cornes ou d’autres instruments 350 fois pour la justice. Plus de 2000 communautés de Kiribati dans le Pacifique Sud à Copenhague au Danemark avaient répondu positivement à l’appel.

Au cours des six derniers mois, le COE a encouragé ses Eglises membres en Europe, à retirer leurs investissements dans les énergies fossiles, comme un moyen pour le peuple de l’Eglise de réaliser la justice climatique en l’absence d’un leadership politique sur ce thème.

Lorsque Desmond Tutu, ancien employé du COE et archevêque sud-africain, a appelé publiquement au désinvestissement et au boycott de l’industrie des combustibles fossiles, ce fut un signal clair que davantage pouvait être fait, considère le Dr Guillermo Kerber, qui coordonne les activités du COE sur la protection de la Création et sur la justice climatique.

Interdiction explicitement mentionnée

La demande d’inclure les combustibles fossiles dans la zone d’exclusion des investissements du COE est venue de jeunes membres du Comité central qui, selon Guillermo Kerber, y ont vu un principe éthique général pour les investissements que le COE suivait déjà, mais ils voulaient voir l’interdiction des combustibles fossiles explicitement mentionnée.

«Il y a de forts aspects intergénérationnels à la justice climatique, et il est encourageant de voir que les jeunes partout dans le monde commencent à prendre position», a déclaré Guillermo Kerber.

Finalement, le rapport du comité d’orientation des finances conclut: «Le comité a examiné les critères d’investissement éthiques et a estimé que la liste des secteurs dans lesquels le COE n’investit pas devrait être étendue aux énergies fossiles»

Alors que le COE a un relativement petit portefeuille d’investissement par rapport à beaucoup d’autres institutions, il prend soin de la façon dont il gère même ces petits montants, souligne la directrice des finances du COE, Elaine Dykes.

«Le COE détient 8,7 millions de francs suisses en placements de fonds de dotation et 8 millions de francs suisses dans des dépôts à court terme et les fonds du marché monétaire», a déclaré Elaine Dykes. «Il n’y a pas d’investissement direct dans les industries des combustibles fossiles.»

Une référence

«Bien que les directives de placement éthiques s’appliquent au COE seulement, nous sommes conscients du fait qu’ils sont un point de référence pour d’autres,» dit-elle. «De temps en temps, d’autres organisations confessionnelles demandent à consulter les lignes directrices du COE.»

Les principes éthiques généraux du COE pour les investissements avaient déjà inclus la préoccupation pour un environnement durable, pour les générations futures et pour l’empreinte CO2 des individus et des organisations. La liste des secteurs dans lesquels le COE n’investit pas comprend, entre autres, les armes, l’énergie nucléaire et les organismes génétiquement modifiés.

En ajoutant les combustibles fossiles à cette liste, l’organe directeur du COE «a renforcé son engagement sur ​​le changement climatique et a donné un signal fort pour le prochain sommet interreligieux», a déclaré Guillermo Kerber. Le Sommet interreligieux sur les changements climatiques est organisé à New York par le COE et l’organisation Religions for Peace, «religions pour la paix».

Ce sommet aura lieu immédiatement avant le sommet sur le climat de l’ONU. Des chefs religieux de partout dans le monde se rencontreront pour exprimer leurs préoccupations sur la crise climatique, et appeler la communauté internationale à une action efficace dans le processus vers la Conférence sur le climat (COP 21) à Paris en décembre 2015. Les communautés confessionnelles seront également invitées à s’engager dans la riposte nécessaire.

(job)