L'Eglise d'Angleterre autorise les femmes à devenir evêque

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L'Eglise d'Angleterre autorise les femmes à devenir evêque

17 juillet 2014
Après 20 ans de débat, le Synode général de l’Eglise d’Angleterre a décidé d’autoriser les femmes à accéder au poste d’évêque. L’Eglise anglicane des Etats-Unis compte des femmes évêques depuis 1988. En Afrique, certaines provinces ecclésiastiques refusent toute ordination de femme à quelques postes que ce soit, alors que dans d’autres des femmes sont ordonnées évêques depuis 2012.

Photo: L’évêque présidente Katharine Jefferts Schori est à la tête de l’Eglise épiscopale des USA CC(by-nc-sa) Scottgunn

(RNS/Protestinter) Les membres du Synode général de l’Eglise d’Angleterre se sont réunis lundi 14 juillet, à l’Université de York. Par 351 voix contre 72 et 10 abstentions, ils ont donné leur approbation finale à une modification réglementaire introduisant l’ordination des femmes comme évêque. La majorité des deux tiers était nécessaire pour procéder à ce changement. Selon plusieurs responsables de l’Eglise anglicane, la première pourrait être nommée cette année encore et trois autres pourraient l’être en 2015.

Le Synode général est l’organe délibérant triparti de l’Eglise d’Angleterre. Il est composé d’Evêques, de membres du clergé et de laïcs. Bien que John Sentamu, l’archevêque de York ait appelé au silence durant la proclamation des résultats, des membres du Synode ont applaudi et acclamé ce résultat. En novembre 2012, il avait manqué six voix pour que cette modification réglementaire puisse être adoptée.

Défenseur de cette mesure, Justin Welby, archevêque de Canterbury, s’est dit conscient que ce résultat sera pour certains membres de l’Eglise une cause de douleur. «Mon objectif, et je crois que c’est celui de toute l’Eglise, est d’être capable d’offrir un accueil et une possibilité de grandir pour tous.»

Première évêque américaine

L’Eglise d’Angleterre est l’Eglise mère de la Communion anglicane qui regroupe 77 millions de fidèles. C’est aux Etats-Unis que la première ordination femme de l’Eglise anglicane a été nommée à une fonction d’évêque. Cela remonte à 1988 quand l’Eglise épiscopale a nommé évêque suffragante du Massachusetts la révérende Barbara C. Harris. L’Eglise épiscopale des Etats-Unis est aujourd’hui dirigée par une femme, l’évêque présidente Katharine Jefferts Schori.

Situations diverses en Afrique

En Afrique, où l’Eglise anglicane vit une croissance rapide, la question de l’ordination des femmes comme évêque ne fait l’objet que de peu d’oppositions, contrairement à la question très controversée de l’homosexualité. «Cela ne signifie pas nécessairement que d’autres provinces suivront l’exemple anglais», a déclaré l’évêque anglican Julius Kalu de Mombasa, au Kenya. «Je pense que ce n’est pas une question doctrinale, mais une question de tradition de l’Eglise.» Ce point sera discuté entre les provinces africaines. Deux d’entre elles –Nigéria et Afrique centrale– refusent la consécration des femmes à quelque position que ce soit.

La plupart des autres provinces acceptent l’autorité des femmes. En 2012 et 2013, respectivement, la province de l’Afrique australe a consacré la révérende Ellinah Wamukoya comme évêque du Swaziland et la révérende Margaret Vertue comme évêque du diocèse de False Bay.

En Ouganda et au Soudan, les femmes évêques ont été autorisées, mais aucune n’a été nommée pour l’heure. «Nous n’avons pas de problème avec ce que les femmes deviennent évêques», a déclaré l’archevêque de l’Ouganda Stanley Ntagali. «Je soutiens l’ordination des femmes comme évêque dans l’Eglise de l’Ouganda et ailleurs.»

«Impact négatif» sur les relations avec les catholiques

Enfin, selon Giovanni Maria Vian, historien de Rome et rédacteur en chef de L’Osservatore Romano, le journal du Vatican, cette décision aura «un impact extrêmement négatif» sur les mesures visant au rapprochement des Eglises anglicane et catholique romaine, malgré une rencontre très fructueuse entre Justin Welby et le pape François, il y a un mois. «Il est clair que c’est une décision qui complique le chemin œcuménique», a déclaré Giovanni Maria Vian dans une interview avec le quotidien italien La Stampa. «Le problème ne se pose pas uniquement avec Rome, mais également avec les Eglises orthodoxes. Et l’Église anglicane est elle-même divisée sur la question.»

«Nous savons qu’il y a des différences, mais ce qui nous unit est beaucoup plus important que ce qui nous divise», estime Sir David Moxon, représentant de l’archevêque de Canterbury au Saint-Siège. Des fonctionnaires du Vatican lui auraient dit que la collaboration entre les deux Eglises se poursuivra.

(job)