Photo: Les ruines d'Auschwitz

Erfurt (epd - ProtestInter) «L’indifférence marquée des Églises sous le régime nazi en Allemagne a été beaucoup plus nocive que les déclarations antisémites», a expliqué la spécialiste protestante de l’histoire de l’Église, Dorothea Wendebourg, dans le cadre d’un débat autour de Luther, organisé par le quotidien «Thüringer Allgemeine».

«Dans ses écrits, Luther a poussé à l’extrême l’antijudaïsme de l’époque. Au temps du national-socialisme, il n’était pas nécessaire de faire un usage abusif des textes de Luther, il suffisait de les utiliser tels quels, avec des conséquences fatales», a souligné, Reinhard Schramm, le président de la communauté juive du Land de Thuringe.

Reinhard Schramm juge impardonnables les «propositions pratiques effrayantes» de Luther pour la destruction des bases d’existence religieuse et matérielle des juifs. L’attitude du réformateur sur ce point témoigne d’un mépris inexcusable de la dignité humaine. Avec son autorité, Luther aurait pu aussi s’attaquer à la haine contre les juifs qui se manifestait à l’époque. Sa haine à l’égard des juifs est «très dure à supporter», a ajouté le président de la communauté juive.

Dorothea Wendebourg admet que les écrits du réformateur à propos du judaïsme, datant de 1543, sont «un chapitre sombre» qu’on ne saurait minimiser.L’antijudaïsme et l’antisémitisme sont deux variantes de la haine contre les juifs, dont les motifs sont différents «mais qui ont les mêmes conséquences fatales». Dans ce contexte, Reinhard Schramm a souligné que la distinction entre les deux termes ne devait pas impliquer une relativisation, ajoutant que, dans la perspective du Jubilé de la Réforme 2017, il importait de «faire la lumière» sur la défaillance des Églises au temps du national-socialisme. (FNA)