États-Unis: la plupart des électeurs se disent favorables aux prières – sans Jésus – lors des séances du Conseil municipal

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États-Unis: la plupart des électeurs se disent favorables aux prières – sans Jésus – lors des séances du Conseil municipal

Cathy Lynn Grossman
2 mai 2014
La Cour suprême des Etats-Unis va bientôt se prononcer sur la constitutionnalité des prières lors des réunions publiques
Selon une récente étude, les électeurs américains plébiscitent à une large majorité les prières, pour autant que la prière publique reste générale, sans référence spécifique au christianisme.

Image: Manifestation contre la prière à Greece (NY) ©RNS

RNS/protestinter

L'étude PublicMind de l'Université Fairleigh Dickinson portait sur les réactions suscitées par plusieurs affaires judiciaires médiatisées, notamment le cas Greece contre Galloway. Dans cette affaire, la justice tente de déterminer si des élus peuvent ouvrir une réunion publique par une prière faisant spécifiquement référence à une religion, notamment en invoquant le nom de Jésus.

Un juif et un athée ont intenté une action dans la ville de Greece (Etat de New York) au motif que les prières chrétiennes excluent un grand nombre de citoyens et qu’elles sont contraires à la Constitution des États-Unis, qui interdit l'établissement d'une religion par les autorités. Même quand la ville a commencé à inviter les non-chrétiens à prier, la question de «l'établissement» continuait de se poser.

Les autorités de Greece «se sont efforcées de ne heurter personne en faisant en sorte que les prières soient aussi générales que possible. Dans cette étude, nous avons demandé s'il s'agit là d'une façon acceptable d'appréhender le problème. Pour trois personnes sur quatre, la réponse est oui», a indiqué Peter Woolley, professeur de sciences politiques à Fairleigh Dickinson, université située dans l'Etat du New Jersey.

Ne favoriser aucune croyance

Pour la plupart des électeurs inscrits (73%), «les prières sont acceptables dans les réunions publiques tant que les représentants des autorités ne favorisent aucune croyance par rapport à d’autres.» En revanche, pour 23% des électeurs, «les prières n'ont pas leur place dans les réunions publiques car, par définition, les prières se réfèrent à une croyance, quelle qu'elle soit.»

Cependant, cette affaire porte sur la question essentielle de la prière générale, qui est «inoffensive, et même plutôt encourageante», a indiqué Peter Woolley. «Les Américains se sont habitués à l'idée qu'une confession ne jouisse pas forcément de privilèges vis-à-vis des autres. Même des non-croyants – des athées qui affirmeraient que la prière, ce n'est pas pour eux – sont d'accord» avec le principe d'une prière sans références spécifiques.

Plébiscite pour les pratiquants

Si les partisans de la prière se répartissent équitablement à travers les groupes d'âge et entre les sexes, elle est particulièrement plébiscitée par les croyants les plus pratiquants.

Parmi les personnes qui fréquentent les services religieux (outre les enterrements et les mariages) au moins une ou deux fois par mois, 86% approuvent les prières, tandis que 11% les désapprouvent.

Pour les personnes qui assistent aux services quelques fois par an, 73% sont en faveur des prières mais l'opposition à celle-ci double par rapport aux fidèles très pratiquants, atteignant 26%.

Toutefois, même ceux et celles qui se rendent rarement à l'église ou n'y vont jamais sont en faveur des prières aux réunions publiques: 58% les approuvent tandis que 36% s'y opposent.

Les études démontrent régulièrement que les prières générales – sans référence spécifique à un culte particulier – jouissent d'une grande popularité.

Gallup, Barna Research et le Pew Research Center affirment tous qu'environ huit chrétiens sur dix (catholiques, protestants et mormons) prient au moins une fois par semaine, dans les mêmes proportions que les musulmans et les hindous.

Néanmoins, une minorité de personnes s'oppose avec virulence au fait que des représentants des autorités en appellent à Dieu avant d'ouvrir une réunion publique.

Réclamations régulières

La Freedom from Religion Foundation, l'American Civil Liberties Union et Americans United for Separation of Church and State adressent régulièrement aux législateurs et aux représentants publics des courriers relayant les réclamations de citoyens et demandant aux autorités d'abandonner la pratique de la prière.

Pour la Freedom from Religion Foundation, «les prières émanant de représentants des autorités sont inutiles, inappropriées et de nature à créer des divisions.»

(JMP)