Lors des WikiWorships, les fidèles participent aux sermons

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Lors des WikiWorships, les fidèles participent aux sermons

Amanda Greene
31 mars 2014
Wilmington, Caroline du Nord (RNS – Protestinter) Un nouveau modèle de culte, appelé WikiWorship, permet aux fidèles de proposer des thématiques et de poser des questions.

Photo: Les participants pendant un WikiCulte © Amanda Greene/WilmingtonFAVS

Wiki de WikiWorship fait référence au mode d'édition collaboratif de Wikipédia, l’encyclopédie en ligne. Cette méthode a été développée par le révérend Philip Chryst, pasteur d’une mission méthodiste unie à Wilmington, dans le cadre d’un cours d’évangélisation alors qu’il terminait ses études universitaires à la Duke Divinity School à Durham. Actuellement, il l’utilise lors de rencontres sur le thème du carême, qui se déroulent tous les dimanches matin jusqu’au 13 avril. Les WikiWorships, qu’on pourrait traduire par WikiCultes en français, se déroulent dans un café appelé «La cuisine de l’enfer».

La semaine avant chaque WikiCulte, les participants soumettent leurs questions sur la religion, l’éthique, la vie ou Dieu via le site web de la mission. Puis, Philip Chryst en choisit une pour stimuler le débat.

«Le défi est de lâcher le contrôle de la chaire sans réduire le message», explique le pasteur. «A bien des égards, les WikiCultes sont une sorte d’évangélisation, mais post-moderne. C’est déroutant parfois, on ne sait absolument pas quelles questions vont être posées, comme les moments de prédication avec les enfants».

Malgré le terme «wiki», il n’y a pas d’ordinateurs lors de ces événements. Le concept se réfère à la nature collaborative de la démarche où les gens s’approprient le contenu, dans ce cas les idées et les réponses contenues dans le sermon.

«Les WikiCultes sont moins reproductibles que d’autres méthodes d’évangélisation car le succès de la démarche dépend essentiellement des compétences du leader», explique Stephen Gunter, professeur d’évangélisation à la Duke Divinity School.

«Il faut de la créativité, de l’énergie, de l’intelligence et beaucoup de travail chaque semaine. Philip Chryst a tout ce qu’il faut et il a travaillé sur ce projet depuis plus de cinq ans», ajoute Stephen Gunter. Pour Philip Chryst, les compétences requises pour animer un WikiCulte ressemble à celles d’un humoriste. «Il faut être prêt à tous commentaires ou questions de l’auditoire».

Les non-croyants sont-ils damnés?

Dans «La cuisine de l’enfer», le 9 mars dernier, alors qu’un insigne publicitaire pour une bière scintillait et des pancartes annonçant la fête de la Saint-Patrick étaient placardées sur les murs, le pasteur a choisi d’aborder la question de la damnation et des non-croyants. «Est-ce que les bouddhistes, les juifs, les musulmans et autres non-chrétiens sont damnés s’ils ne considèrent jamais Jésus comme leur sauveur même après avoir entendu parler de lui», a demandé Philip Chryst.

Il a répondu en premier, expliquant qu’il croyait à l’enfer et au fait que certaines personnes termineraient là-bas. «Tout cela étant dit, je n’ai pas vraiment le pouvoir de dire si telle ou telle personne mériterait d’y aller. Laissons Dieu juger le destin de l’âme de chacun. Enfin de compte, je me méfie des gens qui essaient de décider du destin des autres. Mais ce qui est important dans les WikiCultes est de donner son avis». Lors de ces événements, chaque personne exprime son opinion. Environ cinquante personnes étaient réunies le 9 mars, à Wilmington.

Bennett, un étudiant chrétien de l’Université de Caroline du Nord, a raconté que lors d’un récent voyage de la mission en Malaisie, il avait été agressé et dépouillé de son argent. Dans la rue, il a rencontré un musulman qui l’a amené dans une mosquée pour le nourrir et l’a aidé à rentrer à la maison. «Ca a été un énorme témoignage dans ma foi d’avoir cet homme qui m’a aidé comme il l’a fait. De dire que cet homme n’ira pas au paradis ne tient pas debout pour moi», raconte-t-il.

Un témoignage de foi post-moderne

En invitant la congrégation à donner son avis et se poser des questions, c’est une façon moderne de questionner la foi et «un bon moyen de recruter des personnes qui se distancient de l’Eglise», explique le professeur Stephen Gunter. «Les attirer n’est que la première étape. Vous devez ensuite véritablement conquérir ces nouveaux venus en continuant à leur apporter de nouvelles questions et des réponses adéquates».

Après le WikiCulte, la plupart des participants sont restés pour un repas et ont continué de poser des questions au pasteur. «Le thème de la damnation aurait pu tourner en dispute vraiment facilement, mais cela n’a pas été le cas», constate Stephen Gunter.

Philip Chryst espère écrire un livre pour enseigner aux autres pasteurs ce qu’il a appris durant les WikiCultes. Il veut aussi façonner sa communauté autour de ce concept. «Je pense que les églises qui ont du cran devraient être capable de dire, voici le micro, prenez-le», explique le pasteur. Je ne dis pas que toutes les vérités sont relatives mais je suis juste fier de faire partie d’un groupe qui a suffisamment de cran pour le faire». (lv)