Photo: FEPS

, ref.ch

Le diagnostic préimplantatoire (DPI) est interdit en Suisse. Le Conseil des Etats est entré en matière pour lever cette interdiction pour les couples risquant de transmettre une maladie héréditaire grave. La Fédération des églises protestantes de Suisse (FEPS) et le Réseau évangélique y sont opposés. Comment jugez-vous cette décision?

Frank Mathwig: Je pense que c’est éthiquement discutable. Pourquoi le législateur n’ouvre-t-il cette possibilité qu’à quelques maladies héréditaires? Sur quelle base se fait la distinction? Le législateur suggère qu’il y a des maladies qui justifient le rejet de l’embryon et d’autres non. D’une part, ce type de jugements est éthique et non médical et, d’autre part, cette hiérarchisation des maladies est discriminatoire pour les personnes touchées.

Cela signifie que vous refusez complètement le DPI?

Oui, à mon avis, cela pose trop de questions non résolues. Je voudrais maintenir l’interdiction.

Est-ce que vous partagez cette position avec la base de l’Eglise?

Probablement pas, les membres de base de l’Eglise sont probablement davantage favorables au DPI. La situation des parents qui pourraient éventuellement avoir un enfant avec une maladie génétique pèse probablement plus que des préoccupations d’éthique fondamentale. Je peux bien le comprendre.

La Commission nationale d’éthique (CNE) s’est pourtant prononcée pour une application encore plus large du DPI, autorisant le dépistage de la trisomie 21 (Syndrome de Down). Vous êtes également membre de la CNE. Vous avez été minorisé?

Je ne sais pas encore, car je n’ai été élu qu’en janvier 2014. La séance inaugurale aura lieu la semaine prochaine. C’est au plus tôt à ce moment que je pourrai faire partie de la minorité. Cependant, la moitié des membres sont nouveaux, donc la position de la CNE peut encore évoluer.