Etats-Unis: Les jeunes chrétiens sont moins favorables à la peine de mort

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Etats-Unis: Les jeunes chrétiens sont moins favorables à la peine de mort

31 janvier 2014
(RNS - Protestinter) Un meurtrier a été exécuté dans l’état de l’Ohio, le 16 janvier dernier. A la suite de cet événement, un sondage révèle que les jeunes chrétiens sont moins favorables à la peine capitale que leurs aînés.

A la question: «Est-ce que le gouvernement devrait avoir la possibilité d’exécuter les pires criminels?», 42% des chrétiens, nés entre 1946 et 1964, ont répondu par l’affirmative contre seulement 32% pour les 15 à 35 ans.

Le sondage a été réalisé en été 2013 auprès 1000 adultes américains, par le groupe Barna, un institut de recherche évangélique californien. Les résultats montrent que les différences de point de vue liées aux générations sont encore plus nettes parmi les «chrétiens pratiquants». Ces derniers sont définis par le groupe Barna comme des personnes pour qui la foi a une place importante dans leur vie et qui vont à l’église, au moins une fois par mois.

Environ 50% des «chrétiens pratiquants» du premier groupe soutiennent la peine de mort contre seulement 23% de ceux nés dans les années 80 et après. D’autres instituts de sondage, tels que l’entreprise américaine Gallup, montrent des tendances générationnelles similaires chez la plupart des Américains.

Un désir croissant d’abolir les exécutions

L’organisation Equal Justice USA (EJUSA) qui vise à réformer le système judiciaire confirme ce que révèle le sondage du groupe Barna: un désir croissant parmi les jeunes d’abolir la peine capitale.

«La question pour ces jeunes n’est plus de savoir si c’est bien où mal», explique Heather Beaudoin, animatrice nationale d’EJUSA. «Ils voient concrètement comment le système fonctionne dans leur pays – les questions raciales, le risque d’exécuter un innocent, le fait que si vous avez les moyens de payer un avocat vous ne vous retrouverez probablement pas dans le couloir de la mort – ces différents paramètres leur font changer d’avis».

La vice-présidente de l’édition du groupe Barna, Roxanne Stone, a déclaré que cette pratique pourrait davantage être vue comme une question de droits humains ou de justice sociale. «Cette vision des choses reflète la tendance croissante des chrétiens à intégrer la torture et la peine capitale aux réflexions contre l’avortement. Pour beaucoup de jeunes, les exécutions ne sont pas une question de politique mais de droits humains».

Que ferait Jésus?

Et que répondre à cette question séculaire: «Que ferait Jésus?». Selon l’étude du groupe Barna, seulement 5% des Américains pensent que Jésus aurait soutenu les exécutions. Par contre 2% des catholiques, 8% des protestants et 10% des «chrétiens pratiquants» rejoignent cette idée.

«Les gens voient Jésus comme un idéal et aspirent à être comme lui», constate Richard Dieter, le directeur exécutive du Centre d’information sur la peine de mort, à Washington. «Mais dans la vie, ils savent qu’ils vont commettre des erreurs et être moins bon que lui. Ils pourraient penser que le mieux serait de tendre l’autre joue ou de ne le pas lancer la première pierre, mais ils la lancent. Ils sont davantage pragmatiques».

Néanmoins, le soutien relativement faible parmi les jeunes contraste avec la position en faveur des exécutions des politiciens conservateurs chrétiens comme Ralph Reed, Gary Bauer et Jerry Falwell, dans les années 90.

«Certaines choses arrivent à un moment donné et sont acceptées par toute la population très rapidement», explique Richard Dieter. «De l’apartheid aux droits de femmes, il y a de nombreux exemples à travers l’histoire. Je pense que nous allons franchir un tournant qui va aboutir à la suppression de la peine de mort aux Etats-Unis et partout dans le monde.» (lv)

Cet article a été publié dans:

Le quotidien La Liberté dans son édition du 1er février.