Fin octobre une grande foule bigarrée et multi-religieuse s’est rassemblée à Grandchamp (NE) pour entourer les sœurs de la communauté protestante et prendre congé de Sœur Minke de Vries, hollandaise de naissance, mais suisse romande d’adoption.

La communauté protestante de Grandchamp réunit depuis 1944 des femmes dans une vocation monacale et spirituelle. Conçue à l’origine dans un même mouvement que la communauté de Taizé, Grandchamp a connu un développement significatif, grâce notamment à l’action de Soeur Minke.

Reconnue par l’Église Réformée Évangélique du Canton de Neuchâtel, cette communauté d’inspiration monastique et d’ouverture œcuménique est issue des Églises de la Réforme.

Soeur Minke passe son enfance et sa jeunesse aux Pays Bas. Après des études de langues classiques et d’histoire de l’Église, elle entre à Grandchamp en 1958, où elle sent qu’elle pourra exprimer sa vocation à servir Dieu et le monde. Après avoir prononcé ses voeux, elle est envoyée au Liban, où elle vit une profonde expérience de réconciliation.

À son retour à Grandchamp, elle exerce la tâche de maîtresse des novices dès 1964, ainsi que d’assistante de la sœur responsable de la communauté. Élue prieure de la communauté en 1970, elle occupe ce poste pendant presque trente ans.

Elle quitte cette responsabilité, à l'âge de 70 ans, pour se consacrer, avec davantage de liberté, à l’animation de retraites avec des communautés évangéliques et catholiques et à des rencontres œcuméniques au niveau européen et mondial. À l’invitation de Jean Paul II, elle a participé au Synode des évêques sur la vie religieuse et a écrit les textes pour la Via Crucis au Colisée en 1995.

Fr. Alois de Taizé, a écrit depuis la Corée du Sud où il se trouvait pour l’assemblée du Conseil œcuménique des Eglises à Busan: «Fr. François et un autre de mes frères (Fr. Jean-Noël) sont avec vous. Leur présence est le signe des liens profonds qui unissent nos deux communautés depuis leurs commencements. Nous, les frères de Taizé, nous louons le Christ pour la vie donnée de Soeur Minke et en particulier pour le long ministère qu’elle a exercé au cœur de votre communauté. Avec droiture, courage et persévérance, elle a été une bonne servante de la communion au milieu de vous. Nous sommes reconnaissants pour ce que tant de personnes ont reçu à travers elle, notamment ceux et celles qui sont engagés sur le chemin de l’œcuménisme.»

Sœur Pierrette, dans son accueil a rappelé: «Marquée par la guerre, elle était habitée de l’appel à la réconciliation entre les peuples, les cultures. Inlassablement, elle a veillé sur l’œuvre de Dieu qui lui avait été confiée pour que la communauté puisse devenir un lieu de communion, de louange et d’espérance.»