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«Les chrétiens du Moyen-Orient et d'Afrique sont massacrés, torturés, violés, kidnappés, décapités et contraints de fuir la terre qui a vu naître le christianisme», a-t-elle écrit. «On pourrait penser qu'une telle horreur susciterait l'émoi dans les chaires et sur les bancs des églises d'Amérique. Mais non. Le silence est pour ainsi dire assourdissant.»

Kirsten Powers explique habilement l'incapacité des chrétiens d'Amérique à défendre la cause de leurs frères et sœurs dans le monde, mais sa chronique s'interroge: pourquoi cela? En l'occurrence, pourquoi les disciples occidentaux de Jésus ne sont-ils pas plus conscients du problème et pourquoi ne les mobilise-t-elle pas davantage? De mon point de vue, il y a au moins trois raisons.

En premier lieu les médias. (...) Je pense que la persécution des chrétiens n'est globalement pas traitée par les médias comme elle devrait l'être. Selon Paul Marshall, de l'Hudson Institute, la persécution, si on y inclut la discrimination, touche environ 600 à 700 millions de chrétiens dans le monde. Selon une étude de 2011 du Pew Forum, le christianisme est la religion la plus persécutée au monde, les fidèles de cette religion étant harcelés de façon active dans 130 pays.

Si un demi-milliard d'individus sont opprimés de façon si manifeste, il est difficile de comprendre pourquoi les médias s'en font aussi peu l'écho. À mon avis, la réponse est liée à la région dans laquelle l'essentiel de ces persécutions ont lieu: le Moyen-Orient. Beaucoup de journalistes avec lesquels je m'entretiens semblent réticents à se plonger trop en profondeur dans le sujet ou à en parler trop souvent, de crainte d'être considérés comme islamophobes, voire racistes.

Vient ensuite la récession. Selon un sondage LifeWay de 2010, 79% des Églises américaines ont indiqué que les soubresauts de la conjoncture économique ont eu des répercussions négatives sur leur paroisse. J'ai travaillé pour et avec de nombreuses Églises pendant cette récession et, d'après mon expérience, ce genre de période les incite à réfléchir à des moyens de protéger l'institution.

Pour se serrer la ceinture, les Églises tailleront dans les budgets des missions internationales et des ministères, afin d'éviter des réductions de personnel et de salaire. En période de récession, les Églises tendent à se replier sur elles-mêmes et non pas à s'ouvrir au monde. (...)

Enfin, les Eglises américaines ont d'autres préoccupations. Celles de la puissante faction conservatrice, par exemple, touchent presque essentiellement à l'avortement, au mariage homosexuel et à la liberté religieuse. Ce dernier point est lié à la croyance selon laquelle certains chrétiens d'Amérique sont en état de siège. Certains sont si inquiets de la pseudo-persécution des Églises d'Amérique, dont on a fait si grand cas, qu'ils ignorent les véritables persécutions de l'Église dans le monde et particulièrement au Moyen-Orient.

Or la prétendue persécution des chrétiens aux États-Unis fait figure de farce dans un pays où les deux tiers des citoyens se disent chrétiens, où les dons d'argent aux Églises chrétiennes sont déductibles des impôts, où les pasteurs et prêtres chrétiens peuvent choisir de ne pas cotiser à la sécurité sociale et où l'on n'empêche personne de prier de la manière qu'il le souhaite, quand il le souhaite et où il le souhaite.

Pourquoi la communauté chrétienne du pays le plus influent au monde ne se mobilise-t-elle pas face à la persécution des chrétiens au Moyen-Orient et dans le monde? La réponse, semble-t-il, est que l'attention de ses membres est largement accaparée par d'autres questions.

Certains sont trop occupés à protester contre le fait que les employés des supermarchés Target leur souhaitent de «joyeuses fêtes» au lieu de «joyeux Noël» et d'autres se sont mobilisés pour boycotter la chaîne de grands magasins JCPenney pour avoir choisi comme porte-parole Ellen DeGeneres, qui affiche ouvertement son homosexualité. N'est-il pas temps que les chrétiens d'Amérique consacrent à nouveau leur énergie à la lutte contre la persécution de leurs frères et sœurs à l'extérieur de leur pays?

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