Le pasteur Craig Groeschel veut des hommes qui apprennent à se battre

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Le pasteur Craig Groeschel veut des hommes qui apprennent à se battre

8 novembre 2013
(RNS - ProtestInfo) Le fondateur et pasteur titulaire de l’une des plus grandes églises des Etats-Unis implantée sur quinze sites dans cinq Etats invite les hommes à se battre. Craig Groeschel, dans son livre intitulé Combat: Gagner les batailles qui comptent le plus
(Fight: Winning the Battles That Matter Most) incite l’homme à s’aguerrir.

Il affirme que Dieu a donné aux hommes un «cœur de guerrier» et qu’ils doivent apprendre à combattre les bonnes batailles «pour Dieu». L’entretien qui suit porte sur les batailles qu’à son avis les hommes devraient remporter et sur son accord ou non avec le pasteur John Piper qui affirme que Dieu a donné aux chrétiens un «caractère masculin».

Jonathan Merritt: Regardez les portraits masculins de Hollywood et de la culture pop. Nous sommes envahis de ces images d’hommes cuirassés, violents, d’ «hommes virils». Qu’est-ce qui vous amène à vous préoccuper de ce que les hommes en Amérique deviennent trop passifs?

CG: Je pense que les médias nous présentent les extrêmes. On voit de tout, des gars solides qui foncent et font tout de travers parce qu’ils le veulent à ceux qui sont véritablement passifs et infidèles à leurs femmes et ne s’impliquent pas dans la vie de leurs enfants. A mon avis, les deux extrêmes sont infiniment dangereux.

Je pense que l’un des plus grands problèmes que l’on rencontre dans la société aujourd’hui, tient à ce que les hommes, pour différentes raisons liées aux modèles de rôles ou à différents autres facteurs, ont tendance à démissionner plutôt qu’à affronter la réalité lorsque les choses deviennent difficiles. C’est ce que nous constatons dans nos églises lorsqu’un mariage vacille.

Plutôt que de rester et de se battre pour leur mariage, il semble que les gens tendent à baisser la garde au lieu d’aider leurs enfants à faire ce qui est juste et de s’impliquer dans leurs vies. Ils disent: «Bon, je vais laisser ma femme jouer ce rôle».

C’est ainsi que les hommes livrent peut-être des batailles, mais pas les bonnes. Ils se battent pour eux-mêmes et pour des choses sans importance. J’observe les passes d’armes, et j’essaie d’inciter les hommes à se réorienter vers les bons combats et les enjeux les plus importants.

JM: Pouvez-vous nous parler de l’une de ces circonstances dans lesquelles vous encouragez les hommes à faire marche arrière? Vous ne faites pas mention du champ de bataille. S’agit-il du foyer, du lieu de travail ou encore de terrains plus spécifiques?

CG: Susciter des querelles est la dernière chose que j’aimerais leur conseiller. Ce n’est pas ce que nous sommes appelés à faire. Dans mon livre, je passe en revue trois domaines spécifiques qui rendent les hommes faibles. Ils sont en rapport avec la convoitise, la volonté de faire valoir ses droits et l’orgueil. Je pense que ce sont les grands problèmes qui amènent les hommes à se désengager des vraies batailles.

Si vous me demandez de choisir l’un des sujets les plus importants, je pense qu’à une époque où 50% environ des mariages débouchent sur un divorce, le mariage est véritablement l’un des enjeux pour lesquels nous devons nous engager. Nous traitons le mariage comme un contrat plutôt que comme une alliance. Nous devons absolument lutter pour nos mariages. Je crois aussi que nous devons nous battre pour nos enfants afin qu’ils puissent être forts dans un monde déroutant.

Un autre aspect que l’on ignore souvent est celui de la pureté. Nombre d’hommes se disent qu’en tant qu’hommes, c’est normal qu’ils portent toujours sur les femmes des regards empreints de désirs. Que ce n’est pas si grave que ça. Or, c’est grave. Je crois que nous devons nous battre pour la pureté.

Je pense que dans ce monde où désirs et orgueil tiennent une grande place, l’homme qui convoite dira qu’il veut, celui qui défend ses droits assurera qu’il mérite et l’orgueilleux prétendra qu’il peut y arriver.

Nombreux sont ceux qui vont de l’avant en poursuivant des buts matériels et en s’imposant un véritable esclavage financier. Je pense que nous devons nous battre pour une liberté financière qui nous permette de nous montrer généreux et d’utiliser nos ressources pour aider les autres.

JM: Craig, lorsque vous donnez ce message, comment les hommes y répondent-ils?

CG: Ce que je sais, c’est que lorsque vous dites à un gars ce qu’il n’est pas, il va vous croire. Si vous lui dites ce qu’il ne peut pas faire, il le croira. Même à l’église, je trouve toujours amusant la différence qu’il y a entre le sermon de la fête des mères et celui de la fête des pères. A la fête des mères, nous disons aux mères qu’elles sont formidables et à la fête des pères, nous disons aux pères combien ils sont pathétiques.

Cela ne marche pas avec nous, parce que si nous n’avons pas l’impression que nous pouvons gagner, nous ne sommes pas prêts à jouer le jeu. C’est pourquoi, ce que j’essaie de faire dans ce livre, c’est d’aider les gens en leur montrant qu’ils ont été créés avec un cœur de guerrier.

Je veux leur dire: «Vous avez un potentiel divin en vous. Dieu vous a donné le pouvoir de vous lever et vous battre.» Ce message plaît aux hommes. C’est comme si quelqu’un que vous respectez vient vous déclarer: «Je crois en toi». Cela vous amène à mieux croire en vous-même.

Je m’efforce de les aider à voir que Dieu croit en eux, même si notre ennemi se fait une spécialité d’affaiblir les hommes forts. Notre Dieu, lui, se plaît à rendre forts des hommes faibles. Ce discours résonne dans le cœur des hommes. Je suis ravi de voir qu’ils réagissent bien, même si le livre vient tout juste de sortir.

JM: Oui, et dans le livre, vous écrivez: «le faible est le nouveau fort». Pouvez-vous en dire un peu plus à ce sujet? A quoi cela ressemble-t-il dans la vie d’un homme?

CG: La question de l’orgueil est tellement importante. Nous sommes capables de rouler une quarantaine de kilomètres sans savoir où nous sommes ni demander si notre direction est la bonne parce que nous aimons à penser que nous pouvons gérer la situation nous-mêmes. Je travaille avec des hommes qui se mettent dans des situations impossibles et qui se battent peut-être déjà avec une dépendance.

Je cherche toujours à leur faire comprendre ceci: «Regarde, tu es intelligent. Si tu avais pu te sortir d’affaire toi-même, il y a longtemps que tu l’aurais fait. Tu n’y arrives simplement pas. Tu penses que tu es assez fort pour y arriver, mais ce n’est pas le cas. Tu dois admettre ouvertement que tu es faible et vulnérable dans ce domaine et alors seulement la force de Dieu se manifestera parfaitement en toi. Pour y arriver par tes propres moyens, ta force est très limitée. Ce qu’il te faut, c’est la force de Dieu.»

Je leur dis - et ce message, je me l’adresse aussi à moi-même - :«Vous n’êtes forts qu’aussi longtemps que vous êtes honnêtes.» Si vous n’êtes pas honnêtes, vulnérables et transparents, vous allez échouer. Vous allez vraiment vous casser la figure. Alors, je regarde Samson qui était l’incarnation même de la force. Nous ne sommes pas appelés à être des mecs superpuissants.

Ce qu’il nous faut, c’est être transparents, vulnérables, suffisamment humbles pour demander de l’aide. Nous devons être honnêtes sur nos tentations, nos vulnérabilités et nos péchés. C’est alors qu’en tant que communauté, par la force des autres, par le pouvoir de Dieu, nous pouvons surmonter les obstacles et remporter la victoire. Nous pouvons accomplir ce qu’il nous a créés pour faire.

JM: Il n’y a pas si longtemps, le pasteur John Piper a irrité beaucoup de chrétiens lorsqu’il a déclaré que Dieu avait donné aux chrétiens un caractère masculin (God gave Christianity “a masculine feel). Cette remarque va-t-elle dans le sens de vos idées et de votre message ?

CG: J’ai le plus grand respect pour John, mais je pense que le christianisme ne se résume pas à une vision masculine. L’image masculine de Dieu est celle du Père qui est dans les cieux, mais il y a aussi l’image maternelle de la poule qui couve ses poussins. En tant qu’homme, je suis heureux d’entretenir une relation avec mon Père céleste, mais je pense que ce serait une erreur que de le limiter et de chercher à appliquer la notion de genre dans le christianisme. (EB - 107)