Six mois après la tragédie du Rana Plaza, les victimes attendent toujours des indemnisations

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Six mois après la tragédie du Rana Plaza, les victimes attendent toujours des indemnisations

5 novembre 2013
Six mois après l’effondrement du Rana Plaza et onze mois après l’incendie de l’usine Tazreen au Bangladesh, les victimes et leurs familles attendent toujours des indemnisations. Le bilan de ces deux tragédies est très lourd: 1250 personnes ont perdu la vie et plus de 2500 ont été blessées.

Un nouveau rapport condamne la passivité dont font preuve la plupart des entreprises textiles concernées et exige qu’elles versent au plus vite des indemnités justes et suffisantes aux victimes, a indiqué la Déclaration de Berne dans un communiqué. A l’initiative Fédération syndicale IndustriALL, de la Campagne Clean Clothes (CCC) et d’International Labor Rights Forum (ILRF), les premières négociations ont eu lieu en septembre, à Genève, autour de la question des indemnisations aux victimes ainsi que d’un mécanisme de partage de ces sommes.

Les parties présentes se sont entendues sur la création d’un fonds international aux victimes, auquel les entreprises clientes directes ou indirectes du Rana Plaza devraient contribuer. Un comité composé de représentants des entreprises, du gouvernement bangladais, de l’Association des fabricants et exportateurs de textile du Bangladesh (BGMEA), ainsi que des syndicats et des ONG a également été mis en place. Présidé par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), il a pour mission de faire avancer les négociations sur les indemnisations.

Attente des victimes

Six mois après l’effondrement tragique du Rana Plaza, plus de 100 entreprises textiles ont par ailleurs signé un «Accord sur la sécurité des bâtiments et la protection contre les incendies au Bangladesh». Cet accord couvre plus de 1600 usines dans le pays, soit quelque 2 millions d’ouvrières et d’ouvriers. Les premières inspections sont prévues pour novembre 2013.

La plupart des entreprises concernées ne se sont cependant pas engagées à ce jour à participer financièrement au fonds de dédommagement pour les victimes. Si beaucoup d’entre elles ont signé l’Accord, elles semblent rechigner à assumer leurs responsabilités lorsqu’il s’agit de dédommager concrètement les victimes. La CCC condamne cette attitude inconséquente et demande en outre que les victimes de l’incendie qui a ravagé l’usine Tazreen en novembre 2012 soient indemnisées selon le même modèle. (comm./tb)

  • Le comité de coordination (Rana Plaza Compensation Coordination Committee) est composé de: Primark, Benetton, Loblaw, El Corte Ingles, IndustriALL Bangladesh Council, IndustriALL Global Union, des représentants du gouvernement bangladais, des représentants de l'Association des fabricants et exportateurs de textile du Bangladesh (BGMEA) ainsi que de la Campagne Clean Clothes. La présidence est assurée par l’OIT, qui agit de façon neutre et indépendante.

  • Jusqu’ici, les entreprises suivantes ont fait des efforts pour indemniser les victimes: Primark et Loblaw se sont engagées à verser une aide d’urgence, Primark a déjà versé cette aide aux familles concernées. Primark, Benetton, Loblaw et El Corte Ingles font partie du comité de coordination (Rana Plaza Compensation Coordination Committee). Inditex, Bon Marché et Mascot ont laissé entendre qu’elles seraient prêtes à participer au fonds pour les victimes.

  • Les entreprises suivantes ne se sont toujours pas engagées à verser des dédommagements : Adler Modemärkt (Allemagne), Auchan (France), Camaieu (France), Carrefour (France), Cato Fashions (USA), Children’s Place (USA), LPP (Pologne), Iconix (USA), JC Penney (USA), Kids for Fashion (Allemagne), Kik (Allemagne), Mango (Espagne), Manifattura Corona (Italie), Matalan (Royaume-Uni), NKD (Allemagne), Premier Clothing (Royaume-Uni), Store 21 (Royaume-Uni), Texman (Danemark), Walmart (USA), YesZee (Italie), C&A (Allemagne/Belgique), Dress Barn (USA), Gueldenpfennig (Allemagne) et Pellegrini (Italie).