Tuberculose éradiquée? Moins que jamais en Suisse, au Laos ou au Bénin

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Tuberculose éradiquée? Moins que jamais en Suisse, au Laos ou au Bénin

31 octobre 2013
La tuberculose reste un problème majeur de santé publique. De Lausanne à Vientiane, en passant par Cotonou, ce défi concerne tous les acteurs impliqués dans la lutte contre cette maladie, explique la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO) dans un communiqué.
(Photo: FEDEVACO)

Mardi, une conférence organisée au CHUV par la FEDEVACO et le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) a fait dialoguer les stratégies pour réduire la propagation de la tuberculose qui provoque, chaque année 1,3 million de décès dans le monde. Regards croisés de trois spécialistes.

Même si la Suisse demeure l’un des pays les moins touchés par la tuberculose, cette maladie infectieuse est encore loin d’être éradiquée. "Chaque année, environ 550 cas de tuberculose sont enregistrés", note la doctoresse Jesica Mazza-Stalder, médecin agréé au Service de pneumologie du CHUV et médecin conseil à la Ligue pulmonaire vaudoise: "Il y a relativement peu de décès, mais les traitements sont longs et coûteux, surtout avec les formes multirésistantes de la maladie".

Accès aux soins

Les migrants constituent la majorité des cas répertoriés dans les statistiques de l’Office fédéral de la santé publique (70% des cas). Ce qui pose la question de l’accès aux soins des personnes en situation précaire et du suivi des cas de tuberculose.

L’accès au dépistage et au traitement de la maladie est encore plus problématique dans les zones rurales du Laos. "Il faut souvent plusieurs jours de marche pour se rendre dans les dispensaires ou les hôpitaux. Les personnes se déplacent donc rarement jusqu'à un centre de santé, d’où l’importance d’agir directement dans les villages", témoigne le docteur Vincent Amstutz, ancien chef d’un projet de prévention de la tuberculose au Laos.

"Durant mon séjour sur place, nous avons contribué à former des volontaires de santé. Ceux-ci sont non seulement capables de reconnaître les symptômes de la maladie et de référer les cas suspects vers les structures sanitaires, mais ils assurent également le suivi quotidien de la prise du traitement", poursuit l’actuel médecin agrée à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne.

Si le programme national de lutte contre la tuberculose au Laos est sur le bon chemin, il est encore loin de pouvoir rivaliser avec son homologue béninois (PNT). Celui-ci figure, depuis de nombreuses années, parmi les programmes les plus efficaces d'Afrique.

"L’incidence de la maladie est stable à 43/100'000 habitants par an. Le taux de guérison avoisine les 90%", s’enthousiasme le docteur Jean-Pierre Zellweger, médecin conseil auprès de la Ligue pulmonaire suisse qui appuie le PNT pour l’achat des équipements de laboratoire et des médicaments.

"Depuis 2012, les enfants de moins de cinq ans exposés à la tuberculose sont recensés dans un registre et traités préventivement. Mais il faudra encore deux à trois générations pour endiguer l’épidémie", estime le pneumologue.


  • La FEDEVACO est une organisation faîtière regroupant une quarantaine d’associations vaudoises actives dans la coopération au développement. Elle organise, chaque année, une conférence au CHUV sur des sujets de santé publique qui concernent le Nord comme le Sud. Promus par Pierre-Yves Maillard, le Chef du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS), ces échanges d’expériences entre professionnels de la santé d’ici et d’ailleurs permettent d’aborder, sans tabous et sans détour, les enjeux sanitaires de notre monde globalisé et de partager, ensemble, des savoirs. http://www.fedevaco.ch