Mieux cerner les protestants neuchâtelois

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Mieux cerner les protestants neuchâtelois

30 mai 2013
L'Institut MIS-Trend publie une étude pour mieux cerner les attentes des protestants neuchâtelois aujourd'hui. La foi reste forte mais plus individualisée. Cette étude se penche aussi sur les rentrées de la contribution ecclésiastique, dans un canton où elle n'est pas obligatoire.

«Ce qui est nouveau, c'est que nous avons une cartographie de nos paroissiens », a expliqué mercredi Gabriel Bader (photo), le président du Conseil synodal de l'Eglise évangélique réformée neuchâteloise (EREN) sur les ondes de la RTS à l'issue de la conférence de presse à Neuchâtel.

Nous ne disposons désormais plus seulement des âges et des milieux socio-économiques, mais aussi d'informations sur les modes de vie, les comportements et les attentes culturelles des personnes.»

Comment toucher les jeunes?

Les premiers résultats de l'étude montre que les attentes sont très diversifiées en fonction des types de vie. De plus, les personnes qui financent l'Eglise ne sont pas forcément celles qui ont le plus besoin des prestations de l'Eglise ou celles qui la fréquentent le plus souvent.

Comment toucher les jeunes est une question récurrente. L'étude donne-t-elle des pistes ? «On ne peut pas parler des jeunes d'une manière générale. Les jeunes peuvent être conservateurs, hédonistes ou expérimentalistes, selon les catégories de l'étude. Or l'Eglise n'a pas un grand succès auprès des deux dernières catégories. Pour nous, c'est une remise en question de notre capacité de dire aux gens ce qu'est 'aimer la vie' et de notre capacité de leur proposer des services», poursuit le président sortant.

Faut-il alors changer la forme du message de l'Eglise et s'adapter à l'évolution de la société? «Il s'agit surtout d'écouter les gens pour savoir où sont les vrais besoins. Ce qui est important, c'est d'être près d'eux, de les aimer. Et on ne peut le faire qu'en les respectant, en essayant de comprendre qui ils sont, et ce qu'ils vivent.»

Programme en phase?

«Les institutions n’ont plus une crédibilité naturelle comme c’était le cas avant», a relevé devant la presse Marie-Hélène Miauton, fondatrice de l’Institut MIS-Trend. Les résultats de cette étude vont permettre à l’EREN de vérifier si son programme de législature 2012–2016 est en phase avec les besoins de ses membres.

«L’Eglise est dans un contexte concurrentiel, nous devons montrer que nos services sont de qualités et que nous répondons aux besoins de nos membres», poursuit Gabriel Bader. Or moins de deux protestants sur dix paient la totalité de leur contribution ecclésiastique annuelle.

L’étude révèle aussi à la direction de l'Eglise qu’il existe une somme qui est généralement payée dans son intégralité: 300 francs. Si la contribution ecclésiastique est trop faible, moins de 100 francs, les membres ont tendance à ne pas la payer, imaginant que «la somme est dérisoire pour l’EREN, mais importante pour eux-mêmes». Parallèlement, les montants trop élevés, supérieurs à 300 francs, ne sont que partiellement réglés.

Sur leur déclaration d’impôts, les citoyens neuchâtelois cochent leur confession, par exemple protestant. L’Etat leur adresse ensuite un bulletin avec un montant à payer, soit 11% de l’impôt cantonal. L’Etat reverse ensuite les montants perçus aux Eglises.

Une étude venue du privé

Dirigée par l’institut MIS-Trend et l’institut SINUS, cette étude qui utilise la méthode des «Milieux Sinus» est un «instrument de travail pour une planification de marketing et de communication» et permet de répartir un groupe de personnes selon dix styles de vie différents*.

L'étude a été menée auprès de plus de 1700 foyers. Quelque 25 entretiens ont été réalisés dans cinq milieux de vie les plus représentés dans l’EREN. Son coût est de 35'000 francs. L’année passée, elle a été utilisée par l’église de Zurich.

Laurence Villoz, Neuchâtel

Liens: les définitions des différents milieux de vie

INFOS

*Les dix styles de vie, du plus représenté au moins représenté dans l’EREN proportionnellement à leur pourcentage dans le canton de Neuchâtel. Entre parenthèse, leur taux effectif au sein de l’EREN et leur taux dans le canton de Neuchâtel:

La grande bourgeoisie (2,4% et 1,7%), les conservateurs populaires (30% et 24%), les bourgeois conservateurs (6% et 5%), les bourgeois modernes (14% et 12%), les post-matérialistes (9% et 8%), les statutaires (6% et 6%), les ambitieux modernes (7% et 8%), les rebelles hédonistes (10% et 13%), les expérimentalistes (5% et 7%) et les consommateurs populaires (11% et 16%).

Cet article est publié dans :

Dans les quotidiens neuchâtelois L'Express et L'Impartial du jeudi 30 mai 2013.