La paroisse de Moutier est dans le rouge

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La paroisse de Moutier est dans le rouge

Laurence Villoz
24 mai 2013
Face à un déficit de 250 000 francs, la paroisse de Moutier tire la sonnette d’alarme. Elle demande une révision des contributions paroissiales au conseil synodal jurassien (CSJ). Cette requête sera traitée lors du synode de l’arrondissement du Jura, ce samedi 25 mai.

«La paroisse de Moutier (BE)* a effectué de grosses dépenses lors de la rénovation de sa maison paroissiale», explique Philippe Paroz, président du CSJ et docteur en microbiologie. Face à un déficit de 250 000 francs pour le budget 2013, elle a émis une motion au sujet des contributions paroissiales, qui sera traitée lors du synode samedi 25 mai au centre de Sornetan (BE) (photo ci-dessus).

Elle exige que le CSJ «revoie à la baisse ses prétentions vis-à-vis des paroisses» et «imagine un nouveau mode de perception qui ne tiendrait plus seulement compte de l’impôt paroissial** perçu, lié à la commune, mais aussi de leur situation financière».

«La mesure la plus «facile» pour diminuer son déficit est de demander de réductions aux diverses instances de l’Eglise», constate cet homme de 66 ans qui occupe un poste à temps partiel à la direction exécutive de l’entreprise Crucell du groupe Johnson&Johnson. Cette paroisse, comme celles de l’Eglise jurassienne, effectue des versements au CSJ ainsi qu’à d’autres services***. Pour Moutier, ils constituent 57% de leur budget 2013.

«Seul Moutier est dans cette situation, d’autres paroisses ont aussi certains problèmes financiers mais pour des raisons différentes». D’une part, le canton de Berne a diminué le nombre de postes pastoraux ce qui obligent les paroisses à engager, à leurs charges, des catéchètes professionnels ainsi que des secrétaires pour décharger les pasteurs des travaux administratifs. D’autre part, la situation économique engendre des rentrées d’impôts plus faibles: les personnes morales paient des impôts paroissiaux en fonction de leur revenu. En période de crise, cela peut engendrer de grandes différences pour les communes qui hébergent des entreprises.

Une motion désapprouvée

«Nous suggérons aux délégués synodaux de rejeter les deux demandes de cette motion», explique le président du Conseil. Les prétentions financière que versent les paroisses au CSJ correspondent à des activités dans les arrondissements. Quant à la seconde demande, «elle engendrerait une inégalité intolérable». Bien que le Conseil synodal conseille de refuser cette motion, il s’engage à prendre la question des finances «très au sérieux».

«Nous allons réduire les dépenses autant que possible mais pour faire de réelles économies, il faudrait supprimer des postes et donc des activités». L’objectif du CS sera de discuter avec chaque paroisse pour évaluer si toutes les activités répondent aux besoins des paroissiens. «Evidemment, si nous constatons que certaines n’ont pas lieu d’être, nous les supprimerons».

Un nouveau plan d’action

Parallèlement à ces questions financières, le CS présentera, lors du synode, une réorganisation de ses activités. En juillet 2012, Philippe Paroz a repris la présidence avec une nouvelle équipe: seuls deux membres n’ont pas changé. Suite à ce changement, un nouveau plan d’action a été élaboré pour la conduite de l’Eglise jurassienne. «Nous voulons développer un CS encore plus au service des paroisses qui favorise les synergies et la conduite de projets concrets», explique le président du CSJ.

Par exemple, améliorer l’accompagnement en mettant en place un cours de base et une formation continue pour les conseillers de paroisses. «Ces cours apporteront, entre autres, des outils pour gérer les finances et apprendre à faire face aux conflits». Un autre point de ce plan d’action est lié à la visibilité de l’Eglise. «D’excellentes activités sont organisées, elles pourraient intéresser beaucoup de monde, mais en dehors des paroissiens, personne n’est au courant», déplore Philippe Paroz.

-> Le résultat du vote concernant la motion de la paroisse de Moutier sera connu samedi à l’issue du synode.

* Moutier se situe dans le canton de Berne et fait donc partie de l’arrondissement administratif du Jura bernois mais dépend ecclésialement de l’arrondissement du Jura.

** Dans le canton de Berne, l’impôt paroissial est lié à la commune. De plus, chaque paroisse fixe sa quotité, c’est-à dire le facteur par lequel est multiplié l’impôt simple (décidé par la loi). Les impôts paroissiaux peuvent dès lors varier d’une commune à l’autre.

*** Aux Eglises réformées Berne-Jura-Soleure (BEJUSO), au Centre sociale protestant, à la Fondation des alémaniques et au PAR8, le regroupement des huit paroisses de la région de la Prévôté et de Tramelan, organisé sous la forme d’un syndicat de paroisses.

Les réformés de l’Eglise jurassienne

L’Eglise protestante de l’arrondissement ecclésiastique du Jura fait parties des Eglises réformées BEJUSO et regroupe les paroisses du Jura bernois et du canton du Jura. Elle compte environ 35 000 paroissiens répartis dans 24 paroisses. Seulement trois paroisses font partie du canton du Jura, celles de Delémont, Porrentruy et des Franches-Montagnes. Les autres appartiennent au canton de Berne.

Le canton du Jura est historiquement et majoritairement catholique. Sur un total d’environ 70'000 habitants, seulement 7'700 d’entre eux sont protestants, soit environ 11% de la population. Le canton de Berne, quant à lui, abrite environ 1 million d’habitants dont 600 000 protestants, soit 60% de la population.

Référence: statistique BEJUSO 2011