L'avenir du protestantisme se joue aussi dans le Sud de l'Europe

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L'avenir du protestantisme se joue aussi dans le Sud de l'Europe

Julie Paik
6 mai 2013
Si l’époque des dictatures du sud de l’Europe est révolue, les Eglises protestantes de ces pays sont toujours confrontées à des situations délicates pour d’autres raisons. En Espagne, par exemple, le protestantisme évangélique est en forte croissance par rapport aux Eglises dites historiques (réformée, méthodiste, luthérienne, anglicane) et la coopération ne va pas de soi. (Reproduction: Pierre Valdo)

«Un des grands maux des Eglises espagnoles, c’est la fragmentation de leurs institutions, incapables de partager des ressources et, surtout, de proposer des stratégies communes pour quelques ministères importants comme la formation théologique», explique le professeur Pedro Zamora, du Séminaire protestant uni de Madrid qui forme des futurs pasteurs de l’Eglise protestante espagnole (union réformée et méthodiste) et de l’Eglise réformée épiscopalienne espagnole (anglicane).

«Certes, on a obtenu récemment la reconnaissance officielle des études offertes par cinq séminaires, dont le nôtre, mais nous sommes incapables de partager nos pauvres ressources entre nous, même si face au gouvernement espagnol on travaille ensemble.» Dans ce contexte, la participation à la rencontre* offre, pour les facultés de théologie protestantes d’Espagne, la perspective d’une collaboration plus étroite et d’un partage de ressources académiques avec des facultés-sœurs.

Des échanges internationaux bénéfiques

En Italie, la faculté de théologie vaudoise de Rome, qui forme une quinzaine de futurs ministres, constate l’effet positif des contacts internationaux, dont la rencontre bisannuelle des facultés des pays latins, sur la formation proposée. Dans ce pays, la Table vaudoise, Eglise issue de l’union des protestants vaudois (héritiers de la réforme de Pierre Valdo au XIIème siècle) et méthodistes, ne compte que 25 à 30 000 fidèles.

«L’impact de ce colloque est important pour notre faculté », précise son doyen Yann Redalié. En Italie, la coopération internationale passe aussi par le centre Melanchton, un institut d’études œcuméniques accueillant chaque année une dizaine d’étudiants étrangers qui suivent des cours à la faculté vaudoise et dans les universités pontificales, ainsi que par l’invitation de professeurs venus de l’étranger.

Mais le réseau de coopération qui se tisse ainsi entre facultés n’est pas le seul bénéfice de la rencontre. Comme dans tout colloque universitaire, la collaboration passe aussi par l’échange d’idées. Pour le doyen Roland Meyer, du campus adventiste de Collonges-sous-Salève (France), c’est l’un de ses intérêts principaux: «Tous les colloques auxquels nous participons sont bénéfiques car ils permettent d’apprendre à connaître d’autres collègues, d’autres méthodes d’étude et de confronter nos recherches et de faire état des différentes publications», explique-t-il.

Une dynamique européenne

Plus largement, une dynamique européenne semble se dessiner. L’évolution du protestantisme, où les mouvements évangéliques sont de plus en plus importants et où apparaissent des Eglises issues de l’immigration, confronte les facultés d’Europe à des problèmes similaires, notamment avec l’arrivée d’étudiants issus de ces Eglises. «Les défis qui se posent sont complexes et imposent une réflexion commune», commente Rémi Gounelle, doyen de la faculté de Strasbourg qui accueille cette année la rencontre*.

Et au-delà des pays latins, la collaboration est aussi appelée à s’intensifier sous l’égide de la LERU (League of European Research Universities), qui a mis en place un sous-groupe de travail en théologie et sciences des religions. C’est un signe supplémentaire du fait que l’avenir de la théologie protestante en Europe se joue désormais dans la coopération internationale.


Rencontre des protestants latins

*Lundi 6 mai s’ouvre à Strasbourg la rencontre des facultés de théologie des pays latins d’Europe. Pendant deux jours, des participants venus d’Italie, de France, d’Espagne, du Portugal, de Belgique et de Suisse romande réfléchiront ensemble sur le thème des «défis de la théologie protestante».

La rencontre des facultés de théologie protestante des pays latins d’Europe, qui réunit étudiants et professeurs et dont la langue officielle est le français, propose à ses participants de réfléchir aux «défis de la théologie protestante». L'un d'entre eux est l’enseignement de la théologie protestante à l’université et sa place dans la société.

Cette rencontre, qui a lieu tous les deux ans, a été initiée dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale par la Conférence des Eglises Protestantes des Pays Latins d’Europe, la CEPPLE, créée en 1950 pour venir en aide aux Eglises protestantes d’Espagne et du Portugal souffrant sous les dictatures de Franco et de Salazar. JP