Le Royaume-Uni célèbre les 200 ans de l'icône missionnaire David Livingstone

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Le Royaume-Uni célèbre les 200 ans de l'icône missionnaire David Livingstone

25 mars 2013
Londres (RNS - ProtestInter) – Quand le journaliste Henry Morton Stanley retrouva le célèbre missionnaire très diminué dans le petit village d'Ujiji, sur les rives du lac Tanganyika, le 10 novembre 1871, il entama la conversation ainsi: «Docteur Livingstone, je présume?» Par cette phrase, Henry Morton a grandement contribué au mythe Livingstone.

Le Royaume-Uni a célébré le 19 mars le bicentenaire de David Livingstone, donnant aux chrétiens l'occasion de renouer avec l'un des plus grands missionnaires et explorateurs du 19e siècle. Cependant, un récent ouvrage présente la carrière de globe-trotter de David Livingstone sous un jour beaucoup moins favorable, mettant en lumière ses effets dévastateurs sur son mariage.

Cette rencontre, en 1871, au cœur de l'Afrique, fait désormais partie de la légende.
En 1864, David Livingstone – déjà l'un des hommes les plus célèbres au monde depuis sa traversée de l'Afrique et la «découverte», en 1855, des chutes Victoria, aujourd'hui à cheval entre la Zambie et le Zimbabwe – entreprit une expédition pour découvrir les sources du Nil.

«Où est Livingstone?», titraient les journaux

Aux mois succédèrent les années, et on cessa de recevoir des nouvelles du célèbre explorateur.
À Londres, on le disait mort. «Où est Livingstone?», titraient les journaux. La population exigeait une réponse. En 1871, la chasse au Dr Livingstone avait atteint son paroxysme.

James Gordon Bennett, éditeur du New York Herald, y voyait là de quoi faire les gros titres de son journal et il demanda à Henry Stanley de trouver David Livingstone, mort ou vif. Après huit mois d'un voyage harassant, Henry Stanley arriva à Ujiji, où il apprit que l'explorateur et missionnaire était en vie mais bien mal en point.

«Je ne savais pas comment il allait me recevoir», écrivit-il par la suite. «Alors j'ai fait ce que la lâcheté et l'orgueil commandaient de faire: je me suis avancé vers lui d'un pas assuré, j'ai ôté mon chapeau et j'ai dit: "Docteur Livingstone, je présume?"»

«Oui», répondit-il d'un sourire aimable, en soulevant légèrement son couvre-chef. «Puis, raconta Henry Stanley, j'ai dit à voix haute: "Grâce à Dieu, docteur, je suis autorisé à vous voir"», ce à quoi David Livingstone répondit: «Je suis reconnaissant de pouvoir être ici pour vous accueillir.»

Né dans un milieu très pauvre à Blantyre (Écosse) le 19 mars 1813, David Livingstone commença à travailler dans une usine dès l'âge de 10 ans, parfois jusqu'à 14 heures chaque jour et par des températures dépassant souvent les 30 °C.

Il convertit un seul Africain

Il étudia la médecine, puis, à 27 ans, il fut accepté comme missionnaire en Afrique. Peu après son arrivée, en 1840, il se fixa trois objectifs: explorer le continent, convertir les Africains au christianisme (seul un se convertit), et œuvrer à mettre un terme à la traite des esclaves.

Les lettres qu'il revoyait à la London Missionary Society contribuèrent à alimenter la lutte contre la traite esclavagiste, qu'il désignait souvent comme «la plaie béante du monde». Ses travaux établirent les prémisses de ce qui est aujourd'hui la Communion anglicane, avant-poste de l'Église d'Angleterre dans le monde, éparpillée à travers tout l'Empire britannique.

«David Livingstone était un missionnaire remarquable et réputé, et bien plus encore», affirme l'historien écossais Tom Devine. «Il n'était pas l'homme le plus connu d'Écosse; il était l'homme le plus connu au monde.»

L'ancien évêque anglican du Botswana, Musonda Mwamba, ajoute: «Livingstone se sentait très proche de notre peuple. Il était tombé amoureux de l'Afrique. C'était l'un des nôtres.»

David Livingstone jouit encore d'une grande popularité en Écosse et en Angleterre, mais aussi en Afrique, où les dirigeants ne tardent généralement pas à se débarrasser de tout nom de rue ou bâtiment pouvant rappeler le passé colonial britannique. La mission de Livingstonia, au Malawi, fut fondée par des missionnaires de l'Église libre d'Écosse en 1875 et demeure à ce jour un centre d'apprentissage chrétien.

Son coeur est resté en Afrique

Quand en 1873 – deux ans après sa rencontre avec Henry Stanley – David Livingstone, âgé de 60 ans, mourut, son cœur fut enterré sous un arbre et son corps transporté jusqu'à la côte par deux loyaux serviteurs africains, Susi et Chuma. Il fut ensuite rapatrié par la Royal Navy à Londres, où on l'inhuma à l'abbaye de Westminster.

Tim Jeal, auteur de la biographie de référence «Livingstone», estime que l'homme a été victime (ou a bénéficié) d'un genre d'effet médiatique victorien. «Il est regrettable que Livingstone ait été cannibalisé par le mythe qui s'est construit autour de lui», déplore Tim Jeal. «Henry Stanley était un journaliste très doué qui a fait de Livingstone un quasi-saint en omettant délibérément dans ses écrits toutes les informations qui pouvaient nuire à son image.»

L'un des aspects les plus sombres de David Livingstone est justement le sujet d'un récent ouvrage, intitulé «Looking for Mrs. Livingstone» (À la recherche de Mme Livingstone), par Julie Davidson. Dans son livre, l'historienne écossaise relate comment Mary Livingstone, esseulée, le cœur brisé, sombre dans l'alcool.

Fille de l'éminent missionnaire écossais Robert Moffat, Mary rencontra son futur époux lors du premier voyage de celui-ci en Afrique. Ils se marièrent en 1845 et eurent cinq enfants, mais Mary Livingstone fit plusieurs fausses couches.

À l'apogée de sa gloire, David Livingstone renvoya femme et enfants en Écosse pour qu'il puisse poursuivre seul ses explorations. «Sans lui, elle était malheureuse et vulnérable; elle ne savait pas gérer son argent, elle était tentée d'abuser de la bouteille et elle devint de plus en plus aigrie», écrit Julie Davidson.

Femme délaissée

Ravagée par la boisson, Mary Livingstone supplia la London Missionary Society de lui accorder une avance sur le salaire de son mari pour pouvoir nourrir et habiller ses enfants. Mais ses demandes se heurtaient généralement au dédain.

Quand des rumeurs selon lesquelles Mary fréquentait un beau pasteur de 30 ans parvinrent aux oreilles de David Livingstone, il lui intima de laisser les enfants en Écosse et de venir aussitôt le rejoindre en Afrique. Elle embarqua à Southampton (Angleterre) pour le Cap et retrouva son mari en 1862.

Le couple était réuni mais Mary avait perdu sa foi et sa croyance en l'utilité des missionnaires chrétiens en Afrique. Neuf mois plus tard, le paludisme l'emportait. (JMP - 15)