La vente du Louverain soulage l'EREN

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La vente du Louverain soulage l'EREN

29 novembre 2012
L'Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN) vend les parts qu'elle détenait dans le centre de rencontres du Louverain, aux Geneveys-sur-Coffrane (NE). Le repreneur promet d'y développer l'hôtellerie. Pour toute une génération de protestants neuchâtelois, l'identification au lieu était forte.

Avec la vente des actions du Louverain SA, l'EREN se recentre sur le coeur de sa mission. Ces dernières années, l'importance prise par la gestions hôtelière du centre d'hébergement l'en avait éloigné.

« C'est un moment-clé pour notre Eglise, a expliqué Gabriel Bader, président du Conseil synodal de l'EREN. Un deuil est nécessaire, mais c'est aussi l'opportunité de regarder vers l'avenir. » Les paroisses neuchâteloises resteront dans le cercle des utilisateurs privilégiés du centre. Les parties n'ont pas révélé le montant exact de la transaction, mais il tourne autour du million de francs.

Pour la même somme, des travaux de rénovation vont être entrepris dès cet hiver par le repreneur, la société LI SA (pour Louverain Inn SA). « Dix chambres grand confort seront aménagées, a expliqué Philippe Saltarski, un ingénieur français de 42 ans. Mais nous voulons aussi rénover 15 chambres dortoir pour une capacité de 80 personnes. » Séminaires, conférences, mariages: des offres forfaitaires seront proposées pour les entreprises et groupements de la région. Une réfection totale de la toiture est envisagée. « L'Eglise n'a jamais dégagé de bénéfices avec ce centre. Je ne prétends pas y arriver, juste le faire tourner », a encore expliquer M. Saltarski. Des produits artisanaux seront vendus sur place. Le personnel (3 personnes aujourd'hui, 4 dès l'été 2013) reste en poste.

Eglise en porte-à-faux

L'histoire du Louverain remonte aux années 60 et aux chantiers de l'Eglise. Les Neuchâtelois viennent alors de refuser de rendre la contribution ecclésiastique obligatoire. Piqueés au vif, les forces vives de l'EREN se lancent dans de grands projets mobilisateurs. Le Louverain sera l'un d'eux. Lieu d'émulation et de rencontres parfois incongrues, le centre sert de point d'identification fort pour les protestants neuchâtelois et au-delà.

Mais au fil des ans, l'Eglise se sent en porte-à-faux. Dès 2003, la direction du centre n'est plus confiée à un pasteur. En 2006, le synode de l’EREN décide de créer la société anonyme du Louverain SA et de lui céder le bâtiment. En même temps, il octroie une subvention annuelle de 182 000 francs jusqu’en 2010. Depuis, la subvention globale se mue en achats de prestations par l'Eglise.

Aujourd'hui, la viabilité du projet et les investissements financiers lourds à consentir poussent l’EREN à se désengager totalement du Louverain. « Mais d'autres formes de rencontres sont possibles », explique Gabriel Bader. Il pense par exemple aux réseaux sociaux sur internet qui pourraient déboucher sur une forme « d'Eglise numérique ». De son côté, LI SA vise l'équilibre budgétaire dès 2014.


Des requérents au centre réformé de Charmey
(FR)

Un centre réformé dans un canton voisin connaît aussi des changements. En cette fin novembre, des requérants d'asile sont hébergés dans le Centre réformé de Charmey (FR). D'autres familles s'y installeront ces prochaines semaines. Jusqu'à mi-février au plus tard, le centre accueillera 25 à 30 personnes au maximum. Annoncée en octobre par la Chancellerie du canton de Fribourg, cette structure d'accueil des migrants sera temporaire. Elle permet dans l'immédiat au canton d'absorber une part de la hausse des demandes d'asile.

Dès la mi-février, le centre devrait retrouver son utilisation « habituelle ». Et donc continuer d'accueillir au coeur de la Gruyère des groupes d'enfants et de jeunes – dont un fameux camp de gardiens de foot. Mais voilà. Depuis quelques années, son taux d'utilisation est en baisse. « Les séminaires de développement personnel pour adultes s'essoufflent, explique Frédéric Noyer, président du conseil de fondation, propriétaire des lieux. Nous n'accueillons plus non plus d'apprentis au vert. »

Seuls quelques camps de paroisses de l'Eglise évangélique réformée fribourgeoise (EERF) rappellent l'origine du centre de Charmey, inauguré en 1972. L'EREF le cède en 2007 pour un franc symbolique à l'association des Amis du centre réformé, qui se mue alors en fondation. C'est l'Eglise qui mettra les paroisses à contribution pour éponger les dettes. « Aujourd'hui, nous devons optimiser son utilisation, explique M. Noyer. Et peut-être faire plus d'efforts de marketing. » Le président estime que les comptes 2012 seront équilibrés. Le budget annuel se monte à 500 000 francs. S. R.