Mendicité à Lausanne: L’EERV pour le contre-projet de la Municipalité

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Mendicité à Lausanne: L’EERV pour le contre-projet de la Municipalité

27 novembre 2012
L’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) rejette l’initiative lausannoise « Stop à la mendicité par métier ». Pour elle, mendier n’est pas dégradant en soi. Le sujet arrive sur la table du Conseil communal ce mardi 27 novembre.


Affronter la pauvreté, dont la mendicité se fait le témoin, c’est accepter de considérer la société dans laquelle nous vivons sans faux-fuyants, affirme le Conseil synodal (exécutif) de l’EERV dans un communiqué. Le face-à-face avec des mendiants oblige chacun à s’interroger sur ses propres valeurs et sur le sens concret du mot « solidarité », poursuit-il.

Les autorités de l’Eglise soutiennent le contre-projet municipal à l’initiative anti-mendicité. Déposée en 2011, cette dernière vise à bannir la mendicité sur le territoire communal.

C’est la difficulté d’application de l’initiative qui a incité la Municipalité à proposer un contre-projet en juin: surcharge de travail pour les forces de police, recours devant les instances judiciaires pour non-paiement des amendes, coûts. Soumis au vote du Conseil communal ce soir, le contre-projet est plus restrictif. Il interdit par exemple la mendicité seulement lorsqu’elle est pratiquée « avec insistance, en déambulant ou en prenant à partie les passants ». Il bannit aussi celle des enfants. Et délimite des zones d’interdiction (administrations publiques, places de jeux, lieux de culte).

Une mendicité « passive »?

Ce dernier point fait réagir le Conseil synodal de l’EERV. « Les mesures d’éloignement des mendiants des lieux publics nous préoccupent, explique-t-il. Oter ceux qui dérangent oblitère la possibilité de négocier une coexistence publique. » Aux yeux des autorités de l’Eglise, ce contre-projet revêt donc des imperfections. Elles se demandent aussi qu’est-ce qu’une mendicité « passive ».

Le texte municipal n’a pas du tout convaincu une minorité de la commission du Conseil communal qui a planché sur le texte. « On éloigne les mendiants du centre, car ils ne font pas partie de l’image que l’on associe à ces endroits-clé et symboliques de la ville », dénoncent-ils. Le rapport met aussi en exergue le cas genevois, où l’interdiction, complète, « donne surtout l’impression aux citoyens que les pouvoirs publics agissent, alors qu’elle ne résout rien ». L’association de défense Opre Rrom s’oppose elle aussi tant à l’initiative qu’au texte de la Municipalité.

La teneur du texte voté par le Conseil communal ce mardi décidera les initiants à retirer leur texte ou pas. En cas de retrait, les dispositions votées par l'organe délibérant lausannois rentreraient en force. Plusieurs villes vaudoises, dont Renens, ont déjà choisi d’interdire la mendicité sur leur territoire. S. R.


A lire
L'argumentaire du groupe "Eglise et mendicité" de l'EERV.