La Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER) quittera Genève en 2014

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La Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER) quittera Genève en 2014

26 octobre 2012
La faiblesse de l’euro par rapport au franc suisse oblige la CMER à faire ses valises. Nichée depuis 1948 au coeur des relations oecuméniques tissées à Genève, la faîtière réformée choisira son futur siège courant
novembre. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) regrette cette décision.

« Nous sommes tristes de devoir quitter la Cité de Calvin, a expliqué Setri Nyomi à ProtestInfo. Mais nous n'avons pas le choix. » Pour expliquer la décision de son comité, le directeur exécutif de la Communion mondiale d'Eglises réformées (CMER) pointe la faiblesse de l'euro, mais aussi celle du dollar américain ou de la livre sterling par rapport au franc. La faîtière réformée aura quitté Genève au 1er janvier 2014. Elle représente 80 millions de chrétiens, répartis dans 108 pays au monde.

« Seul un 20 % de notre budget opérationnel est couvert en devises suisses, chiffre le pasteur ghanéen. Dix pour-cent si l'on tient compte du budget global. » Au total, une somme annuelle située dans une fourchette de 200 000 à 300 000 francs, assurée par les contributionns des Eglises protestantes de Suisse. Or la CMER doit s'acquitter de ses charges (salaires, loyers) dans la monnaie du pays où son siège est établi. Le coût de la vie en Suisse lui aurait aussi fait mal.

Marginalisation de la voix réformée

Si la décision formelle remonte à mai, des tractations ont eu lieu courant octobre avec le Conseil d'Etat genevois. « Les autorités ont évoqué la possibilié de ristournes sur le prix de location de nos bureaux pour une durée limitée de deux ans, poursuit le secrétaire général. J'en suis reconnaisant mais cela n'aurait pas pu combler notre trou. » Initiatrice de la rencontre, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) espérait renverser la vapeur. En vain. Une délégation de l'Eglise protestante de Genève (EPG) y participait également.

Au final, la FEPS regrette cette décision. « Nous pensons avant tout que la CMER devrait faire preuve de plus de rigueur budgétaire », explique Simon Weber, porte-parole de la faîtière suisse. Pour lui, ce départ ouvre la porte à une marginalisation de la voix réformée dans le dialogue oecuménique. Petite structure employant sept personnes, le secrétariat central sera physiquement coupé de ses grandes soeurs que sont le Conseil oecuménique des Eglises (COE) ou la Fédération luthérienne mondiale (FLM), voisins de la CMER à la route de Ferney jusqu'à aujourd'hui.

« Nous comptons sur les technologies de la communication pour rester en contact », rétorque Setri Nyomi, qui quittera son poste en 2014. Le futur siège de la faîtière mondiale sera choisi courant novembre. Des villes comme Utrchet (NL), Johannesbourg (ZA) ou Hanovre (A) sont en lice.

Des finances préoccupantes
En mai dernier, le nouveau trésorier général, l'avocat allemand Johann Weusmann, tirait la sonnette d'alarme: certaines Eglises membres ont cessé de payer leurs cotisations, tandis que d’autres ne s’en acquittent que partiellement. Le comité exécutif approuvait alors un projet de « fonds de stabilisation ». Objectif: mobiliser 10 millions de francs suisses (8,3 millions d’euros) d’ici à 2017. Pour 2012-2103, la CMER s’est engagée à lever 350 000 francs suisses pour l'alimenter. S. R.