La mort scrutée par les chercheurs

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La mort scrutée par les chercheurs

15 octobre 2012
Le PNR 67 «Fin de vie» veut sonder la mort pour «la rendre plus humaine». Doté de 15 millions de francs, le programme de recherche a démarré en septembre et laisse une place aux questions éthiques. Premiers résultats définitifs en 2015.
(photo©funeraire-info.fr)

Soixante-deux mille personnes meurent chaque année en Suisse, apprend-on dans le communiqué du Fonds national suisse de la recherche. Mais on ignore complètement dans quelles circonstances et comment, poursuit-il. C'est ce sur quoi le Programme national de recherche 67 « Fin de vie » va plancher ces prochaines années. Les chercheurs qui y participent sont médecins, juristes, théologiens, sociologues, économistes et anthropologues.

« Jusque dans les années 60, les gens ne parlaient pas de la mort, explique Markus Zimmermann, président du PNR 67 et lui-même éthicien et théologien catholique. Mais ils vivaient l'agonie de leurs proches et de leurs voisins. A la campagne, la mort faisait partie du quotidien. » Aujourd'hui , selon le chercheur de l'Université de Fribourg, c'est le contraire qui est vrai: nous parlons de la mort, mais nous ne la côtoyons quasiment plus.

Des soins palliatifs à l'assistance au suicide

Vingt-sept « projets » de recherche liés au PNR 67 viennent d'être lancés. Ils couvrent quatre domaines: la prise en charge des pensionnaires dans les institutions, les décisions du personnel médical, les dispositions réglementaires et l'influence de la culture et de la spiritualité sur la mort. « Certains projets sont à cheval entre deux modules, comme celui sur les compétences de communication dans la prise en charge de patients en fin de vie », explique le professeur Zimmermann. Les premiers résultats définitifs sont attendus pour 2015; cette première enveloppe est dotée de 8 millions de francs.

Depuis quelques années, on observe un regain d’intérêt marqué pour la dernière phase de la vie, poursuit Markus Zimmermann. Les débats sur les dispositions de fin de vie, les soins palliatifs et l’assistance au suicide le montrent, selon lui. C’est là-dessus que se base le PNR 67. Il se concentre sur des personnes qui n’ont plus que quelques mois à vivre: des personnes âgées, mais aussi des jeunes, des enfants, des nouveau-nés, et même des enfants non nés.

« Six ou sept projets supplémentaires dotés de 2 millions seront lancés en janvier 2013, explique l'éthicien fribourgeois. Ils traiteront plus particulièrement de sujets théologiques et économiques en lien avec la mort. » Le professeur Zimmermann ne peut pas dire si des théologiens protestants seront dans le lot des scientifiques choisis pour cette deuxième vague de recherche.

Pour l'heure, deux éthiciennes protestantes sont engagées dans les projets en cours. Il s'agit de Bernice Simone Elger, de Institut d’éthique biomédicale de l'Université de Bâle (IBMB), dans le module intitulé « Qualité de la prise en charge en fin de vie ». Et de Ruth Baumann-Hölzle, de Fondation Dialogue éthique, à Zurich, enagagée dans un projet qui concerne les grands prématurés. (comm./S. R.)


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Pour plus d'infos sur les projets de recherche, voir le site du PNR 67.