La nouvelle cure minceur de l'Eglise protestante genevoise (EPG) se précise

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La nouvelle cure minceur de l'Eglise protestante genevoise (EPG) se précise

17 mars 2012
L'EPG doit économiser 1,5 million de francs d'ici 2014. Près de six postes de travail pourraient passer à la trappe. Les délégués au Consistoire (parlement) voteront sur des mesures concrètes en juin. Une restructuration de plus pour l'EPG.


Lancé en 2010, le groupe de travail 2014 (GT14) de l'Eglise protestante genevoise (EPG) a rendu sa copie en début d'année. Lieux (paroisses, services, espaces), immobilier, administration : les axes d'économies et de revenus nouveaux n'épargnent aucun secteur de l'institution. Ils étaient connus. Mais les propositions, élaborées de concert avec le terrain, se précisent. « Ce rapport est une étape intermédiaire », a expliqué Anne-Catherine Schneider, membre du GT14, aux délégués au Consistoire (parlement). Ils étaient réunis jeudi 15 et vendredi 16 mars au soir au Centre paroissial de Malagnou (GE).

« Quelle vision d'Eglise sous-tend ces choix économiques ? » a questionné l'aumônier de jeunesse Nicolas Genequand. De fait, les autorités de l'Eglise n'échapperont pas à une diminution de la soixantaine de postes de travail. « Ils représentent 80% de nos charges », a expliqué le directeur Jean Biondina à ProtestInfo. Or l'EPG ne peut compter que sur les contributions, dons et legs de ses bénéficiaires pour équilibrer son budget et poursuivre ses missions.

Le budget de l'EPG se monte à 14,3 millions pour l'an prochain (en baisse de 200 000 francs). « Compte tenu des augmentations automatiques de salaires, des allocations familiales et des contributions patronales au 2e pilier, l'effort est en réalité plus proche de 450 000 francs », renchérit le directeur Biondina.

Dans le détail, « trois postes, au total, ne seront pas repourvus à la prochaine rentrée de septembre », explique Alexandra Deruaz, responsable de la communication. Mais l'EPG n'est qu'au milieu du gué. Pour autant que la proposition du GT 14 en la matière passe la rampe en juin, près de six postes devront être économisés d'ici à 2014. A la clé, une économie de 700 000 francs. En clair, des forces pourraient être réaffectées aux paroisses, comme le demande la base. Trois services cantonaux – enfance et famille, jeunesse et formation d'adultes – envisagent par exemple de fusionner. Aucun licenciement n'est prévu.

Systématiser les dons

Dans le domaine administratif, des coupes (de l'ordre de 200 000 francs) dans les contributions à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et à la Conférence des Eglises réformées romandes (CER), par exemple, sont envisagées par le groupe de travail. Mais les lieux d'Eglise, invités à la créativité, ont aussi imaginé des sources de revenus supplémentaires. Une contribution de 20% sur les revenus immobiliers des paroisses pourrait voir le jour. « Une centaine de bâtiments – églises, chapelles, presbytères – sont en mains des paroisses », précise le directeur de l'EPG.

Le GT14 recommande une augmentation des recettes de l'EPG qui passera par une « systématisation à l'encouragement aux dons liés aux actes ecclésiastiques » : baptêmes, mariages, services funèbres. Parfois réticents, les pasteurs seraient soutenus dans cette démarche. Le gain ne serait pas négligeable : 230 000 francs. Dans le catalogue de propositions, on trouve en plus une augmentation du prix d'abonnement au mensuel La Vie Protestante. Il pourrait passer, en deux paliers, de 30 à 50 francs. Un gain de près de 150 000 francs pourrait être réalisé. Mais le nombre d'abonnés (9500 en 2010) est en baisse.

Jeudi soir, certains délégués au Consistoire se sont montrés sceptiques au moment d'aborder la suite des opérations. Ils devront se prononcer sur des mesures concrètes lors de leur prochaine assemblée. « Le Conseil du Consistoire (ndlr : exécutif) nous fait poireauter des mois pour la modernisation du système informatique, et il brusque la démarche GT14 », a déclaré en substance Joëlle Walther, présidente du Conseil Service enfance et famille. Des ministres se sont aussi levés pour dire leur scepticisme. Le Consistoire votera sur les options stratégiques en juin. S. R.

A lire

Cet article fait suite à celui signé, sur le même sujet, par Aline Bachofner en juin 2011.Cet article a été publié dans :

Le quotidien genevois Le Courrier le samedi 17 mars 2012.