Les ministères de l'Eglise, agenda épineux des réformés vaudois

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Les ministères de l'Eglise, agenda épineux des réformés vaudois

17 février 2012
La distinction entre pasteurs et diacres « n'est plus pertinente », dit l'exécutif de l'Eglise réformée vaudoise. Sur le terrain, l'identité professionnelle des ministres se fragilise. Le synode en débat les 17 et 18 février à Lausanne.


Le diacre, bras social de l'Eglise, le pasteur, interprète de la Parole. Cette distinction, grossièrement résumée, a servi de fil rouge à la théologie des ministères des Eglises réformées de Suisse romande depuis les années 70. « Elle ne fonctionne plus aujourd'hui », a expliqué à ProtestInfo la pasteure Line Dépraz, membre du Conseil synodal de l'Eglise réformée vaudoise (EERV). L'exécutif a donc choisi de déterrer ce dossier en souffrance depuis quinze ans. Son diagnostic est soumis au débat du synode (parlement) cette fin de semaine à Dorigny. Le nouveau dispositif ministériel attendra 2013.

Mais dans les lieux d'Eglise, la réalité professionnelle des pasteurs et des diacres questionne depuis longtemps. Certains n'hésitent pas à parler de « pasteur au rabais » pour évoquer le ministère diaconal. De fait, un diacre au bénéfice d'une délégation exerce les même tâches qu'un pasteur : administrer les sacrements (baptême et sainte Cène) ou encore célébrer des mariages. Seuls les cursus de formation et les conditions salariales diffèrent, même si elles ont été revalorisés en 2009.

« Jambe cassée »

De plus, la réalité sociale a changé. « Est-il encore légitime, aujourd’hui, de réfléchir en termes de polarisation des compétences [théologie/pédagogie], des tâches [prédication/diaconie] ou des sphères d'investissement [interne/externe] ? », questionne l'EERV dans un communiqué. C'est ce diagnostic que les autorités de l'Eglise souhaitent faire voter aux délégués. « Il s'agit d'abord de constater que la jambe est cassée avant de savoir comment on la soigne », illustre Mme Dépraz.

Si la commission d'examen salue le volonté du Conseil synodal de « voir les choses en face », elle estime qu'il va trop loin. « Si la direction souhaite un ministère unique, qu'elle le dise », note le pasteur Vincent Guyaz, rapporteur de la commission. « C'est un procès d'intention, toutes les options restent ouvertes à ce stade », réagit Line Dépraz. Pour les commissaires, le rapport de l'exécutif manque toutefois de souffle. « En termes de vision des ministères de l'Eglise, nous attendions plus qu'un instantané sociologique », reprend le pasteur Guyaz.

Car les défis pour l'EERV ne manquent pas. Votée en juin 2010 pour équilibrer le budget de l'institution, la réorganisation territoriale en cours – passage de 18 à 11 régions – force de plus en plus les ministres à travailler en pools régionaux.

Mais il y a plus aigu: la crise des vocations, dont le rapport ne dit mot. « Nous ne sommes qu'aux balbutiements de la réflexion », répond Mme Dépraz. Dix à douze ministres par année seront bientôt nécessaires pour faire face aux départs à la retraite massifs. Seuls cinq ont été consacrés ou agrégés à la cathédrale en novembre dernier. Et cela, les délégués au synode ne sauraient l'occulter dans le débat qui s'ouvre. SR

Cet article a été publié dans :

Le quotidien romand 24 Heures le samedi 18 février.


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