Les églises peuvent-elles se transformer ?

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Les églises peuvent-elles se transformer ?

Martin Hoegger
18 janvier 2012
La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens commence ce 18 janvier. Cette année le thème retenu par les églises de Pologne est celui la transformation, avec le verset de la première aux Corinthiens : « Tous, nous serons transformés…par la victoire de notre Seigneur Jésus-Christ » (15,51-58). Si l’apôtre parle ici de notre transformation personnelle, les églises de Pologne soulignent l’importance de ce thème non seulement pour notre progrès personnel, mais aussi pour celui de l’unité entre les églises.

La prière et témoignage communs transforment la perception que nous avons des autres églises. C’est l’expérience que nous faisons dans la cathédrale de Lausanne : chaque premier dimanche du mois, une célébration de la Parole réunit les vingt églises de la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud et bien d’autres communautés encore, en particulier celles de la migration. A l’écoute de la même Parole, visités par le même Seigneur vers lequel nous nous tournons ensemble avec une incroyable diversité, nous apprenons à nous appartenir les uns aux autres. Et nous découvrons que ce qui nous unit est tellement plus fort que ce qui nous sépare.

Nous savons aussi que la Parole de Dieu crée un lien entre communautés. Plus nous la vivons, plus nous serons unis.

La fraternité retrouvée

Dans son dernier livre sur le Notre Père (Vous donc priez ainsi, Bayard, Paris, 2011), le Groupe des Dombes, propose un itinéraire de conversion à partir de cette prière : « la proclamation d’une même paternité oblige les chrétiens à prendre conscience des exigences fraternelles qu’elle implique », écrit ce célèbre groupe de dialogue entre protestants et catholiques.

Une fraternité retrouvée, voici le grand acquis du pèlerinage œcuménique du siècle dernier. C’est ce que notait déjà Jean-Paul II, il y a bientôt 20 ans dans son encyclique sur l’unité (Ut unum sint).

Le Vatican et la Fédération luthérienne mondiale fêteront ensemble le 500e anniversaire de la Réforme en 2017. Les protestants renoncent à instrumentaliser cet événement contre les catholiques. Et les catholiques reconnaissent que la Réforme a permis ' une impulsion à un retour à la Parole de Dieu et à la place centrale de l’Ecriture sainte dans la vie de l’Eglise '.

Mais l’unité pour laquelle nous prions va au-delà de bonnes relations. Si Jésus a prié pour que « tous soient un…afin que le monde croie », cette unité n’est pas uniquement spirituelle, elle est « visible ». Pour que le monde croie, il doit voir. Voir quoi ? Des chrétiens unis dans la fraternité et un témoignage commun, célébrant le salut autour d’une même table avec des ministères qui se reconnaissent mutuellement. Cette communion sans restrictions au même pain et vin eucharistiques reste le but du mouvement œcuménique.

Reconnaissons que nous en sommes encore loin. Mais nous sommes en route. Qui pourra ultimement faire obstacle à ce but ? Mais cela demande de notre part la volonté de renoncer à nous concurrencer, de nous ouvrir à d’autres manière de vivre et célébrer la foi, d’avoir besoin des autres églises. Voire même de changer certaines doctrines ou pratiques, afin d’être l’Eglise une pour laquelle Jésus a prié. Voulons-nous cette transformation ?

Des fruits de transformation

Il y a exactement 30 ans durant cette même semaine, le document de Lima « Baptême, Eucharistie, Ministère » (BEM) a été publié. Ce texte reste le document le plus important du mouvement œcuménique : plus de 150 églises y ont répondu, dont 51 églises réformées. Il a contribué à des accords et des rapprochements, comme par exemple entre anglicans, luthériens et réformés avec les accords de Porvoo et de Reuilly, qui ont permis l’intercommunion. Ce qui semblait autrefois impossible !

Tant d’autres transformations – ou de « conversion des églises », selon la formule du Groupe des Dombes – sont visibles. J’en mentionnerai juste deux, très récents. D’abord un signe témoignant d’un bel élargissement de l’œcuménisme : ce thème de la transformation et ce verset de la lettre aux Corinthiens ont été repris par le livret de la Semaine de prière de l’Alliance évangélique européenne. Cette semaine date du milieu du 19e siècle et précède de dix jours la Semaine de prière pour l’unité. Evangéliques et oecuméniques commencent à tirer à la même corde !

La semaine dernière le Vatican et la Fédération luthérienne mondiale ont annoncé qu’ils fêteront ensemble le 500e anniversaire de la Réforme, qui sera célébré en 2017. Les protestants renoncent à instrumentaliser cet événement contre les catholiques. Et les catholiques reconnaissent que la Réforme a permis « une impulsion à un retour à la Parole de Dieu et à la place centrale de l’Ecriture sainte dans la vie de l’Eglise », selon le cardinal K. Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.

BIO EXPRESS

- 1974-1980 Etudes universitaires à Lausanne et Aix en Provence.
- 1980-1983 Assistant d’Ancien Testament à l’Institut des Sciences bibliques de Lausanne.
- 2004 : DEA en œcuménisme de l’Université de Genève
1985-2003 Ministère pastoral dans les paroisses de Clarens, Belmont et Prilly
- 1989-1994 Secrétaire général de la Société biblique suisse.
- Depuis 2003, ministère de dialogue œcuménique dans l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud et accompagnement spirituel de la communauté des sœurs de Saint Loup.
- Thèse en recherche œcuménique sur la question de l’Apostolicité (« Continuité et succession apostoliques dans les églises réformées », 2003) et un livre sur Marie : « L’ange le rosaire et Marie » (2010).

CITATION : « Le fait de prier le Notre Père insère le croyant dans une fraternité dont il ne mesure pas les limites. Il reçoit ainsi une identité qui est aussi ecclésiale et il participe à la prière de tout un peuple dont il devient solidaire. La prière l’unit aux autres et l’invite à la réconciliation. Elle lui rappelle aussi l’essentiel que Jésus invite à rechercher et à demander à Dieu : l’accomplissement de sa volonté, la venue de son règne et la sanctification de son nom. Cet essentiel est créateur d’unité : il se vit dans le pain partagé entre tous, la dynamique du pardon avec Dieu et avec les autres, ainsi que la résistance à l’épreuve » (Groupe des Dombes, « Vous donc, priez ainsi ». Le Notre Père, itinéraire pour la conversion des Eglises. Bayard, Montrouge, 2011, p. 125)

LIENS :


Célébrations de la Parole à la Cathédrale de Lausanne : www.ceccv.ch

  • Dimanche 5 février, 18h 
Eglise catholique de rite maronite (originaire du Liban)

  • Dimanche 4 mars
 Journée spéciale Proche Orient: 15h00: «Les chrétiens dans le printemps arabe. Quel avenir de l’Eglise». Conférence à plusieurs voix avec des chrétiens du Proche Orient (lieu: La Maison des Charmettes, ch. des Charmettes 4, Lausanne). 
18h00: Célébration de la Parole: Prière pour le Proche Orient.

  • Dimanche 6 mai, 18h 
Concert spirituel : les Vêpres de Rachmaninov interprétées par le choeur Laudate Deum. Présidence de la célébration par l’Eglise orthodoxe russe.

  • Dimanche 3 juin, 18h 
Fédération romande d’Eglises évangéliques
M. Hoegger a écrit un article sur l’histoire de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.