Gabriel Bader proposera un regard croisé sur le rôle du temple dans la communication de l’Eglise et le rôle actuel de l’Eglise parmi les différents acteurs de la société. « Il y aura un côté un peu provocateur et critique à l’égard de l’Eglise, qui doit s’interroger sur ce type de paradoxes », explique le président du Conseil synodal de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN).

Gabriel Bader souhaite mettre en avant un certain nombre d’antinomies: « L’Eglise est l’un des bâtiments les plus en vue d’un village. On la retrouve sur les peintures et gravures. C’est particulièrement vrai à Cortaillod grâce à son clocher. Pourtant, malgré cette exposition extraordinaire, l’Eglise se montre peu visible. Sa situation centrale ne reflète plus sa place dans la société. L’une des autres ambiguïtés est qu’elle occupe un bâtiment ancien dans un monde qui a complètement changé. »

Une Eglise plus prompte


Pour le pasteur, l’Eglise doit trouver une manière de répondre aux nouveaux besoins de la société: « La majorité des gens ne vont plus tous les dimanches au culte. Ils sont plus fragiles et vivent de plus en plus des situations difficiles, comme les violences conjugales ou la précarité. Les urgences demandent des réponses promptes. L’Eglise doit être plus souple, directe et rapide, alors qu’elle a toujours plutôt travaillé dans le temps, avec les rendez-vous traditionnels que sont le culte, le catéchisme et les visites ».


Il est désormais temps que l’Eglise porte sur elle un regard critique, pense Gabriel Bader. « La société a changé. Je vais soulever des questions que j’estime pertinentes car les trois-quarts du chemin est fait si on se pose les bonnes questions. La mission de l’Eglise est de répondre aux interrogations, mais est-elle vraiment capable d’entendre ce que les gens attendent de nous ? Quel changement peut être envisagé dans la manière d’organiser la vie communautaire ? », se demande le pasteur.

"Quelque chose a déjà moussé"

Le concept de la communauté, dans ce qu’elle représentait jusqu’alors, est désormais dépassé, avec une évolution qui tend vers une autre manière de se rencontrer. « L’Eglise doit tenir compte des mentalités. Aujourd’hui, les gens ne se réunissent plus suite à des convocations de longue date. Le modèle du réseau, qui entretient un intérêt commun, est beaucoup plus efficace. Cela n’intéresse pas que les jeunes mais aussi une majorité croissante de personnes. Les gens se rassemblent très rapidement lorsqu’ils souhaitent se rencontrer car, en amont, ils ont entretenu des relations sur internet. Quelque chose a déjà moussé », explique le pasteur.

Pour lui, il est également temps d’envisager l’utilisation des temples d’une nouvelle manière. « L’idée n’est plus d’avoir un temple dans chaque village. Chacun accueillerait un certain culte, avec un public cible, et non plus une cérémonie hebdomadaire. Il s’agit de donner une identité au temple. Que les gens qui y viennent le fassent parce que cela correspond à un réseau entretenu en amont. Il peut s’agir de créer une émulation autour d’un intérêt culturel ou d’une thématique. Il nous faut apprendre ce genre de réflexes », conclut Gabriel Bader.

Cinq conférences

Un cycle de conférences est organisé cet automne à Cortaillod dans le cadre des festivités consacrées aux 400 ans du clocher du Temple. Deux conférences ont déjà eu lieu: "Le Temple dans l'Ancien Testament" par Martin Rose et "Le Temple dans le Nouveau Testament" par Andreas Dettwiler. Cinq conférences sont encore proposées gratuitement tous les mardis jusqu’à fin novembre, à 19h30 à la grande salle de la maison de paroisse. Menées par plusieurs intervenants, elles ont toutes une thématique en lien avec le temple neuchâtelois.

Il n’est pas nécessaire de s’inscrire ni de participer à l’ensemble des conférences. Chaque conférence (45 minutes) est suivie d’un quart d’heure de discussion. Plus d’informations sur le site dédié au cycle.

LE PROGRAMME COMPLET:
Le 1er novembre : « Le temple comme enjeu d’Eglise », par Gabriel Bader
Le 8 novembre : « De 1611 à 1811 ou comment l’Eglise de Neuchâtel a-t-elle changé de face », par Pierre-Olivier Léchot
Le 15 novembre : « Structure et architecture d’un village viticole », par Christian de Reynier
Le 22 novembre : « Histoire des Câbles de Cortaillod. Réseaux et finances. L’entrée de Neuchâtel dans la deuxième révolution industrielle », par Alain Cortat
Le 29 novembre : « La vigne », par Patrice Allanfranchini.

A. BZ