Motiver des jeunes à s'engager

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Motiver des jeunes à s'engager

Anne-Sylvie Mariéthoz
16 août 2011
Motiver des jeunes à s'engager pour leur paroisse et susciter des vocations, c'est possible. Plusieurs paroisses romandes proposent aux adolescents de continuer de se former après leur confirmation ou leur fin de catéchisme, tout en accompagnant leurs cadets. La formule séduit un jeune sur trois.


A Fribourg, près de la moitié des catéchumènes décident de continuer comme accompagnants. « Ils sont une cinquantaine actuellement », a expliqué à ProtestInfo le pasteur Martin Burkhard, responsable des activités jeunesses pour la paroisse réformée de Fribourg.

La formule a fait école et il existe des activités "jeunes" dans la paroisse du Vully (FR), à Monthey (VS), à Bienne (BE), à Delémont (JU) ainsi que dans les cantons de Neuchâtel et de Vaud, où on les connaît sous le nom de Jacks (Jeunes accompagnants de camps et de catéchisme).

Le principe est le même partout. Les Eglises proposent aux jeunes confirmés une formation en échange de leur engagement dans une paroisse. La formation touche à l'animation et à l’enseignement de la bible. Concrètement, les jeunes s’impliquent dans l’animation, l’encadrement et l’instruction de leurs cadets surtout pendant les camps.

Se sentir utiles

Même dans les églises qui proposent des formations plus exigeantes débouchant sur un diplôme, comme celles des cantons de Vaud et de Neuchâtel, un bon tiers des confirmés choisissent de poursuivre dans cette voie. A l’heure où l’on entend plus souvent parler d’églises désertées, notamment par les jeunes, comment expliquer cet attrait?

La formule magique tient en deux mots: responsabilisation et formation, a relevé Pierre-Alain Chervet, diacre et ancien animateur de la paroisse de Fribourg. Laure Devaux, formatrice cantonale de jeunesse auprès de l’Eglise neuchâteloise, fait la même analyse : « c’est parce qu’on leur fait confiance et qu’ils se sentent utiles, que ces jeunes s’engagent volontiers ».

Laure Devaux note avec amusement qu’à la fin d'un de ses derniers camps avec les catéchumènes, ils étaient 35 sur 41 à vouloir poursuivre la formation. Même si ce chiffre sera vraisemblablement revu à la baisse, il reste un indice assez révélateur.

« Hors du terrain de la consommation, les jeunes gens sont trop rarement sollicités en tant qu’acteurs », poursuit Martin Burkhard.

Susciter des vocations

Cette formation engendre des frais pour les paroisses qui, pour la plupart, l’offrent entièrement aux accompagnants. A Fribourg, la formation coûte près de 500 francs par jeune et par année. Dans le canton de Vaud, Guy Labarraque avance le montant de 10 000 francs par année pour l’ensemble des jeunes en formation.

Ces investissements ne sont pas remis en question. Dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel, on envisage même d’étendre l’offre en proposant des cours de formation continue en plus du cursus existant.

Cette filière des accompagnants suscite-t-elle des vocations? De Lausanne à Delémont, en passant par Bienne, les responsables en sont persuadés tout en relevant que ces jeunes gens ne se destinent pas tous au métier de pasteurs. Ce n’est du reste pas le but recherché, souligne Martin Burkhard : « notre projet est d'accompagner ces jeunes gens dans leur recherche spirituelle. S'ils restent attachés à une paroisse et continuent à s'inspirer de l’évangile, alors notre but est atteint ».


La question des vocations

Pour Claire Clivaz, professeure assistante de Nouveau Testament et littérature chrétienne ancienne à l’Université de Lausanne, il est clair que de nombreux étudiants en théologie sont passés par la filière Jacks, mais ces «vocations» ne sont pas automatiques. « J'ai remarqué qu’elles sont suscitées aussi au moment où les pasteurs jeunesse parlent clairement de la question de l'engagement et du choix. »

Nicolas Merminod, étudiant en théologie à l’UNIL et ancien Jack lui-même, approuve, mais émet des réserves : « Si je compare avec les autres étudiants de la Faculté, la grande majorité sont actifs dans leur paroisse. Mais il ne faut pas conclure que la majorité des animateurs finissent théologiens. »

Selon ses observations, la majorité des étudiants en théologie est toutefois active dans le catéchisme, « ce qui paraît finalement très logique, car les convictions des étudiants sont nées dans une communauté, dans un milieu actif, sans quoi ils n'auraient probablement pas envisagé ces études. Il y a également d'autres facteurs à prendre en compte, comme le milieu familial - une bonne part des étudiants sont enfant de diacre(s) ou de pasteur(e-s) -. Le charisme du pasteur aussi est un facteur qui peut influencer les vocations. »

Son collègue d’étude, Ludovic Papaux, est d’un autre avis : «Dans mon cas ma vocation précède ma formation Jack, mais elle a été confirmée au fil des camps et des activités auxquels j'ai participé. » ASM

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Dans le quotidien fribourgeois La Liberté samedi 20 août 2011.