L’Eglise protestante de Genève apprend à gérer sa décroissance

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L’Eglise protestante de Genève apprend à gérer sa décroissance

15 juin 2011
L’Eglise protestante de Genève (EPG) doit déterminer son avenir d’ici 2014. Confrontée à la baisse des dons et à l’augmentation de ses dépenses, elle doit désormais trouver une tenue à sa taille: plus petite de 1,5 million. Elle se réunit en Consistoire (législatif) aujourd'hui 16 et le 17 juin.


Par Aline Bachofner, La Vie Protestante Genève

Cent quatre-vingt personnes étaient rassemblées au Temple de Malagnou en mai à l’occasion de l’Assemblée annuelle de l’EPG. Les membres de l’Eglise y ont été conviés pour trouver des pistes concrètes d’augmentation des recettes et de diminution des dépenses afin d’atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2014. Le constat

La masse salariale représente 80 % du budget de l’Eglise qui s’élève à 13,5 mio. Or l’augmentation naturelle des salaires creuse chaque année un peu plus le déficit. Grâce à la vente du Temple de la Roseraie et à quelques legs importants, les comptes sont équilibrés. Mais l’Eglise ne peut pas compter sur des rentrées exceptionnelles chaque année. Fortes de ce constat, les autorités de l’Eglise ont chargé un groupe de sept personnes (trois laïques, un pasteur, deux membres du Conseil du Consistoire et le Directeur de l’EPG) de mener les travaux du chantier «2014».

La méthode

Le groupe de travail 2014 (GT14) privilégie la démarche participative. En novembre 2010, tous les conseils de paroisse, de service et les membres du Secrétariat central ont été invités à faire part de leurs idées lors d’un grand «brainstorming». Au cours des six derniers mois, les membres du GT14 ont analysé les propositions, rencontrés leurs auteurs et défini trois chantiers: finances, administration et «lieux d’Eglise» (comprenez paroisses, services, espaces). Quelques pistes.

Augmenter les recettes

Le chantier «finance» explore des pistes évidentes comme la valorisation du patrimoine immobilier par des locations haut de gamme ou l’augmentation de la contribution solidaire des paroisses à la caisse centrale. D’autres sont plus audacieuses: demander une participation financière pour les mariages, les services funèbres, voire les baptêmes ou augmenter le prix de l’abonnement à la VP. «Cher» en temps de travail des ministres (entre 300 et 1400 francs), les actes pastoraux ne sont actuellement pas facturés. Seul un papillon informe le bénéficiaire du coût que cela représente. L’Eglise prendra-t-elle le risque de renoncer à la gratuité de ce qui fait sa spécificité? Si toutes les pistes étaient retenues, le gain pourrait être de 550 000 francs.

Réduire les dépenses administratives

Le chantier «administration» propose une diminution des postes administratifs au gré des départs à la retraite ou encore un prolongement des délais de renouvellement du parc informatique. Plus polémique : limiter l’engagement de pasteurs et diacres stagiaires et diminuer de 10% les subventions à la Faculté de théologie, à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse et à la Conférence des Eglises romandes. La somme économisée pourrait être de 210 000 francs.

Encourager la créativité sur le terrain

Les lieux d’Eglise se lancent dans l’aventure 2014 avec un enthousiasme variable et le chantier n’est pas encore assez avancé pour donner des pistes chiffrées. Une chose semble cependant certaine: appliquer un modèle unique à tous les lieux est impensable. «Nous devrons trouver des solutions différenciées et accepter de penser en-dehors du cadre habituel», a expliqué Mme Cerez-Keller, membre du GT14. Les paroisses, services et espaces doivent trouver le moyen d’économiser 683 000 francs.

Concilier mission et évolution

Au cours du débat, des voix se sont élevées pour que l’Eglise ne perde pas de vue sa mission: témoigner de l’évangile. «Une Eglise qui n’est pas missionnaire est une Eglise démissionnaire!», a par exemple plaidé Jean Fischer, conseiller de paroisse de la Champagne.

Encore faut-il savoir comment et auprès de qui témoigner. Comme l’a rappelé le pasteur et docteur en anthropologie Philippe Chanson dans un exposé d’introduction, les modèles culturels ont radicalement changé au cours des 70 dernières années, passant d’une logique territoriale et identitaire à une logique d’interconnections et de métissage globalisé. L’ancrage paroissial traditionnel est-il alors encore pertinent?

Le GT14 se donne jusqu’en novembre pour présenter un rapport complet avec des pistes crédibles et chiffrées permettant de combler le million et demi de déficit.

  • Actuellement, le catalogue de mesures est en consultation. L'EPG et son Consistoire adopteront les premières mesures lors de la prochaine session du Consistoire en novembre.